GRACQ Julien Au Château d’Argol.

Édition originale.

Julien Gracq présenta d’abord son premier roman aux éditions Gallimard qui le refusèrent. C’est finalement José Corti qui l’accepta et le publia en janvier 1938.

Remarquable roman par la violence des sentiments présentés et par les longues descriptions de paysages en harmonie avec les pensées de personnages, Au Chateau d’Argol fut saluée par André Breton qui y trouva le premier roman surréaliste.

« La ligne du récit est extrêmement simple. Son sujet ne se résume ni par une intrigue, ni par une action mais par une situation: deux hommes et une femme que le drame de la fascination réunit et retient dans un château isolé. Le roman commence par un voyage et donc par une rupture. Il s’établit dans une demeure perdue, coupée du monde: le manoir d’Argol et dans un espace temporel en marge: les vacances. » (Bernhild Boie, Julien Gracq, Euvres Complètes, La Pléiade).

L’espace du château, souvent présenté comme labyrinthique et empreints de mystères par la narration permet d’égarer les personnages dans un espace à la fois physique et psychique. En effet, cette structure apparaît dans beaucoup de récits et notamment les contes fantastiques. Lorsque Mérimée écrit Lokis il enferme ses personnages dans un château coupé du monde par une épaisse forêt. Mérimée reprend lui même un certains nombre de leitmotive du roman noir anglais. Gracq s’inscrit dans leur directe lignée.

« Les circonstances communément entendues comme scabreuses qui entourent l’action de cette nouvelle ne lui sont nullement essentielles […]Puissent ici être mobilisées les puissantes merveilles des Mystères d’Udolphe, du Château d’Otrante, et de La maison Usher pour communiquer à ces faibles syllabes un peu de la force d’envoûtement qu’ont gardées leurs chaînes, leurs fantômes, et leurs cercueils: l’auteur ne fera que leur rendre un hommage à dessein explicite pour l’enchantement qu’elles ont toujours inépuisablement versé sur lui. » (Extrait de L’Avis au lecteur écrit par Julien Gracq)

Exemplaire imprimé sur papier bouffant, jauni.