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6 parties et une suite de gravures en 1 volume in-4 (222 x 165 mm). Première partie : Het Schilder Boeck waerin Voor eerst de Leerlustige-Jeught. Amsterdam, Cornelis Lodewijcksz, 1618. Titre gravé par Nicolas Lastman d’après Warnaar van de Valckert, 14 ff.n.ch., portrait gravé de Karl Vermander van Molebek, 22 ff.ch., 2 ff.n.ch. (catalogue de tableaux). Deuxième partie : Het Leven der Oude Antycke Doorluchtighe Schilders, soo wel Egyptenaren, Grieken als Romeynen. Amsterdam, Cornelis Lodewijcksz, 1617. 4 ff.n.ch., 25 ff.n.ch. Troisième partie : Het Leven der Moderne oft dees-tiitsche Doorluchtighe Italienische Schilders. Het tweede Boeck van het Leven der Schilders. Amsterdam, Cornelis Lodewijcksz, 1616. Titre, ff.ch 27-119. Quatrième partie : Het Leven der Dorrluchtighe Nederlandtsche en Hoogh Duytsche Schilders. Amsterdam, Cornelis Lodewijcksz, 1617. Titre, ff.ch. 121-213, 3 ff.n.ch. Ajouté : 73 ff.n.ch. (dont 71 planches de Hondius, 2 ff.n.ch. typographiques). Cinquième partie : Uytlegginh op den Metamorphosis Pub. Ovidii Nasonis. Alles streckende toot voordering des vromen en eerlycken borgherlycken wandels. Amsterdam, Cornelis Lodewijckz, 1616. 8 ff.n.ch., 109 ff.ch. Sixième partie : Uytbeeldinghe der figuren. Amsterdam, Cornelis Lodewijcksz, 1616. Titre, ff.ch. 111-122, 10 ff.n.ch. Veau moucheté, dos orné aux petits fers et à la cigogne, tranches mouchetées (reliure hollandaise de l’époque).
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Le premier ouvrage théorique sur la peinture, le dessin et la gravure hollandais. Exemplaire de la deuxième édition, qui servira de model pour toutes les futures éditions.
Le Het Schilder-Boeck (Livre des peintres), paru originellement en 1604 dans une version légèrement différente, a été composé par le peintre maniériste et écrivain flamand Karel van Mander (1548-1606). En publiant ce livre, le «Vasari des Pays-Bas» – qui avait d’ailleurs rencontré l’historien italien à Florence en 1571 – souhaitait mettre en lumière l’excellence et l’originalité des peintres des écoles du Nord de l’Europe, quelque peu occultés par le succès des Vite de Giorgio Vasari qui faisaient la part belle aux peintres italiens. La quatrième partie – section la plus importante du livre – celle consacrée aux peintres flamands et hollandais, est divisée en deux parties : artistes morts avant 1604 (près de 96 biographies, 71 chapitres, ff.121-181) et ceux actifs à la même date (plus de 40 biographies, 23 chapitres, ff. 182-213). Quelques peintres et écrivains – Ciriaco de’ Pizzicoli, Facio, Giovanni Santi, Rogier, Ghiberti, Vasari, Lampronius, Lambert Lombard et surtout Lodovico Guicciardini – avaient partiellement exploré le domaine des peintres nordiques avant la parution du volume de Van Mander, mais c’est avec cet «ouvrage fondamental» (Schlosser) que naquit la véritable historiographie, systématique et détaillée, des peintres des écoles du Nord.
« L’importance de Van Mander est d’avoir été le premier qui ait vraiment imité et donné vie dans le Nord au modèle italien, connu depuis longtemps dans le domaine historique ; il est en même temps le premier exemple de l’influence croissante de Vasari en Europe. Ce Flamand est un représentant typique de ce “maniérisme” hollandais des romanistes dont la particularité, semblable à celle de leurs contemporains italiens. Pour lui, tout salut vient de l’Antiquité et de l’Italie ; il montre en termes fort clairs que le voyage à Rome est indispensable – exigence qui est restée en vigueur depuis lors – et son propre exemple renforce sa déclaration.
Pour ce petit-fils du gothique, le Moyen Âge à complètement disparu, il est totalement oublié, alors qu’il était resté à moitié vivant pour les Italiens, tout au moins à l’âge héroïque de leur XIVe siècle. Toutefois, Van Mander n’est rien moins qu’adorateur servile de la doctrine et de la forme italiennes ; il conserve son originalité nordique et flamande, comme en général ces “romanistes” dont la juste appréciation nous a été clairement donnée par notre Heidrich, trop tôt disparu… Tout aussi caractéristique de ce Flamand de naissance, l’énergie qu’il déploie en face du dogme florentino-romain du disegno, devant lequel certes il s’incline avec respect, pour insister sur la couleur vénitienne en tant que partie essentielle de la peinture – c’était sans doute une opinion qui lui tenait à cœur. Lorsqu’il dit avec la conviction la plus profonde que le paysage est un genre en soi, il le doit peut-être plus au milieu des Pays-Bas septentrionaux où il s’est établi qu’aux Pays-Bas méridionaux d’où il est originaire. (Cf. Schlosser), qui souligne en outre l’originalité des «énoncés théoriques» de Karel van Mander.
Exceptionnel exemplaire, enrichi de la suite complète de 71 gravures de Hondius
Elle est composée d’un titre allégorique gravé (Pictorum aliquot celebrium praecipue Germaniae Inferioris Effigies) imprimé à La Haye, suivie d’une planche allégorique dédiée « Ad Philosographum » ainsi que de deux feuilles typographiques dont le premier porte une dédicace imprimée à Jeroen Cock; le suivant est composé d’un sonnet en latin à la gloire des amateurs de peintures. Suivent les 68 portraits de peintres hollandais et allemands ; la suite est clôturée par une planche illustrant un memento mori. Les gravures des portraits sont accompagnées de sonnets en neo-latin. La plupart des gravures sont repliées et portent des annotations de l’époque sur la vie des peintres en hollandais au verso.
Ces notes sont des résumés de la vie des peintes basés sur le texte de Van Mander de 1604. Certains peintres sont dépourvues de notes et correspondent à ceux qui sont absents de la première version du livre. Ainsi, un amateur a réunis les portraits dans le but de les insérer dans une édition du Van Mander en suivant l’exemple des éditions illustrées du Vasari. Cela semble être le destin de plusieurs exemplaires :
« […] On sait que les exemplaires de la deuxième édition de Het schilder boeck étaient pourvus de portraits imprimés d’après les effigies Pictorum aliquot celebrium Germaniae inferioris de Lampsonius de 1572, selon les souhaits des propriétaires. La réédition de cette série par Hendrik Hondius en 1618 s’intitule Theatrum honoris. Elle a peut-être été imprimée pour être consultée en même temps que les « Vies hollandaises » de Van Mander. Le Rijksmuseum possède également un exemplaire de Het schilder boeck de 1618 auquel sont jointes les gravures sur cuivre des portraits du peintre par Hondius. » (Koot, Geert-Jan, « Selectie aanwinsten november 2020 », The Art of Information, 2020.)
En cela notre exemplaire suit une mouvance pionnière, puisqu’il faut attendre 1764 pour voir une édition du texte accompagné de portraits.
Parmi les portraits on remarque van Eyck, Momper, Albrecht Dürer, Jean Strada, Lucas van Leyden, Hieronymus Bosch, Johannes Holbein, Cornelius Visscher, Pierre Brueghel, Hubert Goltzius, Martin Voss, Vredeman de Vries, Paul Brill, Jacob de Gheyn, Abraham Bloemart, pour en citer certains. Cette suite importante est le sujet de recherches au Courtault Institute de Londres menées par Joanna Woodall et Stephanie Porras.
« The format of the Effigies, a series of artists’ portraits accompanied by Latin poems, is a distinctively Netherlandish form of ‘art literature’, forming an alternative to the biographies and academic art theory that were emerging in Italy in the second half of the sixteenth century » (Courtauld Institute, Picturing the Flemish Canon).
Très bel exemplaire, bien conservé.
Du lundi au samedi
10h – 13h et 14h30 – 19h
(18h les lundi et samedi)
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