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In-folio (306 x 200 mm) 8 ff.n.ch. dont le beau titre gravé par Malleri, 1004 pp., 10 ff.n.ch. Veau marbré, dos à nerfs orné, tranches rouges (reliure du XVIIIe siècle).
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Tchemerzine, V, p. 817 ; Pritzel, 8630 ; Mortimer, French, 494 ; En Français dans le texte, 79 ; Simon, Bibl. Bacchica, II, 619 ; Vicaire, pp.788-789 ; Kress, 236.
Édition originale du premier traité moderne d’agriculture. « Cette première édition est la plus belle de toutes » (Thiébaud). Elle est dédiée au roi Henry IV.
Olivier de Serres était originaire d’une famille huguenote du Vivarais. Durant les guerres de religion, il prit part à différentes batailles, dont le siège de sa ville natale, Villeneuve-de-Berg, en 1573. Par la suite, il se retira dans sa terre du Pradel, décidé à ne plus se mêler des querelles religieuses. C’est au Pradel qu’il passa le reste de sa vie, se consacrant à son activité de propriétaire terrien. Olivier de Serres ne perdit jamais de vue l’intérêt national et désira convaincre les gentilhommes de s’occuper eux-mêmes de leurs terres. Aussi pendant trente ans consacra-t-il ses loisirs à rédiger cet ouvrage qui traite en détail de tous les aspects de l’agriculture : la terre, le défrichement et le drainage, le blé, le vin, le bétail, la basse-cour, le jardin, l’eau et le bois, les recettes domestiques. Ce livre est à l’origine du développement des cultures nouvelles telles que le houblon, le maïs, la betterave, le mûrier et même la pomme de terre.
Le style d’Olivier de Serres est clair et empreint d’une poésie champêtre. Il qualifie le jardinier d' »orfèvre de la terre, parce qu’il surpasse d’autant plus le simple laboureur que l’orfèvre le commun forgeron ».
L’ouvrage est divisé en 8 parties ou » Lieux » tels que l’auteur les intitule 1: Du Devoir du Mesnager, c’est-à-dire de bien cognoistre & choisir les Terres, pour les acquerir & emploier selon leur naturel, approprier l’habitation champestre & ordonner de la conduite de son mesnage. 2. Du Labourage des terres-a-grains, pour avoir des Bleds de toutes sortes Agronome et non gastronome, Oliver de Serres ne s’intéresse pas à l’apprêt culinaire lui-même, mais aux modes de conservation des aliments […] : techniques de salaison des différentes viandes d’une part, de l’autre, procédés de mise en conserve des fruits (au sel, au vinaigre, au moût, au vin cuit, au sucre, au miel). Le second chapitre du livre VIII constitue ainsi un véritable traité de confiture » (Livres en bouche). 3. De la Culture de la Vigne, pour avoir des Vins de toutes sortes, aussi des passerilles & autres gentillesses procedantes des raisins, ensemble de se pourvoir d’autres boissons, pour les endroits où la Vigne ne peut croistre. 4. Du Bestail a quatre pieds, des pasturages pour son vivre, de son entretenement & des commodités qu’on en tire. 5. De la conduite du Poulailler, du Colombier, de la Garenne, du Parc, de l’Estang, du Ruscher & des Vers-à-Soie. 6. Des Jardinages, pour avoir des Herbes & Fruits potagers, des Herbes & Fleurs odorantes, des Herbes medecinales, des Fruits des Arbres, du Saffran, du Lin, du Chanvre, du Guesde, de la Garence, des Chardons-à-draps, des Rozeaux, en suite, la manière de faire les cloisons pour la conservation des fruits en général. 7. De l’Eau & du Bois. 8. De l’Usage des Alimens, & de l’honneste comportement en la Solitude de la Campagne. Ce dernier chapitre renferme les recettes de pains, boissons (hypocras, malvoisie, hydromel), confitures et conserves de fruits ou viandes, sirops, choucroute, truffes, etc. ou les remèdes de médecine pour les hommes et les bêtes mais indique également la façon d’arranger les maisons et les habits et de se comporter honnêtement à la campagne.
L’illustration est composée d’un beau titre-frontispice gravé par Mallery. Il montre un arc avec le titre au milieu avec des petites vues laissant apparaître un paysage de campagne, surmonté d’un vue de jardin avec des parterres dans le style de Le Nôtre montrant le roi assis au milieu et entouré de trois personnes (Justice, Paix, et Labeur). Le titre mentionne bien le titre d’Olivier de Serres « Seigner du Pradel ». L’iconographie est complétée par des figures sur bois dans le texte et de huit bandeaux gravés sur bois en tête de chaque chapitre représentant des scènes de la vie champêtre.
Le Théâtre d’Agriculture est dédié à Henri IV, qui comprit aussitôt à quel point ce livre pouvait être un appui pour l’oeuvre de pacification des esprits et de redressement économique qu’il entreprenait. On dit même qu’il s’en faisait lire chaque jour quelques pages après son dîner. L’utilité de cet ouvrage, la protection royale et son caractère novateur lui valurent un immense et durable succès, dont témoignent les nombreuses éditions faites dans la première moitié du dix-septième siècle.
« Ce traité d’agriculture est le fruit des recherches entreprises par l’agronome sur sa propre exploitation à partir de 1559. L’aspect novateur du Théâtre tient au caractère scientifique de la démarche de son auteur qui, bien que connaissant l’apport des antiques et de ses contemporains, réalisa ses propres expérimentations.
La publication du traité d’Olivier de Serres s’inscrit dans le cadre politique d’une volonté de relance de l’agriculture dès les premières années du règne d’Henri IV. L’ouvrage, en abordant la question de la culture du mûrier blanc et la sériciculture, participe également à la politique de la soie que veut promouvoir le roi pour lutter contre l’importation de soieries étrangères. En faisant part de la façon de réaliser les parterres dits « à la nouvelle mode » inaugurés pour les jardins royaux, le Théâtre d’agriculture est également devenu un ouvrage de référence en matière d’histoire des jardins » (Frédéric Sichet, France Archives).
Trace de mouillure claire, défaut de papier p. 721/722 sans manque ; reliure habilement restaurée
Provenance : Ex-Dono D.D. Poitevin Despradels d’Allavet (Possiblement Durand de Poitevin, conseiller du roi à Montpellier, fils de Jacques-Alexandre de Poitevin, directeur de l’académie royale des sciences, et de Suzanne Despradels, frère ainé du général de division du premier empire Jean-Etienne Casimir Poitevin de Maureilhan). L’ancien possesseur a corrigé le titre d’Olivier de Serres « Seigneur du Pradel » indiqué sur le titre en « Seigneur Despradel » en référence à son propre nom.
Du lundi au samedi
10h – 13h et 14h30 – 19h
(18h les lundi et samedi)
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