JARRY Nicolas Conclusiones ex philosophia universa.

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Paris, Nicolas Jarry & Nicolas Robert, 1647

Grand in-folio (466 x 346 mm) de 10 ff.n.ch. (dont le premier blanc),  manuscrit sur parchemin, calligraphie attribuée à Nicolas Jarry et enluminure à Nicolas Robert. [relié avec:] IDEM. Serenissimo Regiae Stirpis Principi…. Paris, Pierre Daret, 1647. 10 ff.n.ch. (dont le dernier blanc) entièrement gravés. Maroquin vert, larges roulettes décoratives dorées d’encadrement dos à nerfs ornés, tranches dorées (Nicolas-Denis Derome, avec son étiquette).

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Nicolas Jarry calligraphe – Nicolas Robert enlumineur – Nicolas-Denis Derome relieur Manuscrit calligraphié et enluminé pour Armand Prince de Conti

Portalis, Nicolas Jarry, no. 104; McCarthy Reagh, I, 1815, no. 1437.
 
UN CHEF-D’ŒUVRE DE CALLIGRAPHIE ET D’ENLUMINURE DU GRAND SIECLE, REALISE POUR LE PRINCE DE CONTI.
EXCEPTIONNEL MANUSCRIT ATTRIBUEE A NICOLAS JARRY ET NICOLAS ROBERT DE LA THESE SOUTENUE AU COLLEGE DE CLERMONT EN JUILLET 1647 PAR VICTOR MELIAND, DEDIEE AU JEUNE ARMAND DE BOURBON PRINCE DE CONTI (1629-1666).

Armand de Bourbon, prince de Conti (1629-1666), frère cadet du Grand Condé dont il eut à soutenir la comparaison très jeune, était destiné à l’Église. Formé par les Jésuites au collège de Clermont, il eut pour condisciple Molière.  Il renonça à son état ecclésiastique et s’engagea dans la Fronde parlementaire pour en devenir l’un des chefs, cependant que son frère menait les armées royales. Élu général de l’armée parlementaire, il intrigua un moment pour obtenir de la régente le chapeau de cardinal, (d’ailleurs représenté sous son portrait enluminé) puis se jeta à nouveau dans l’aventure politique. Après la paix de Rueil, il passa une année en captivité en compagnie de son frère. Il prit une part active dans la Fronde condéenne mais ne suivit pas son aîné aux Pays-Bas. Il se soumit au contraire au roi et se réconcilia avec la cour : si son frère avait eu à épouser une nièce de Richelieu, c’est à une nièce de Mazarin que Conti dut s’unir. Il remplaça dès lors Condé en récupérant sa charge de Grand Maître de la Maison du roi, son gouvernement de Guyenne et plusieurs de ses domaines. C’était par ailleurs un amateur de théâtre ; il protégea Molière et sa troupe. À la fin de sa vie, cet ancien libertin se convertit à la religion. 

Le contenu de cet extraordinaire manuscrit est ainsi composé : page de titre calligraphié orné d’un large décor floral, portrait du dédicataire entouré de putti et d’images allégoriques ainsi que de ses armoiries, dédicace recto-verso, 40 thèses calligraphiées entourées de larges et magnifiques bordures enluminées sur 5 feuillets, sur le dernier feuillet représentation d’une fleur, la Fritillaria imperialis, admirablement peinte sans doute par Nicolas Robert.

Le siècle de Louis XIV est ici représenté à travers le symbolisme, les emblèmes et les allégories. 

Les nuances de couleurs des bordures décoratives identiques varient de la plus belle des manières au fil des pages.
 
Le manuscrit n’a été signé ni par le calligraphe ni par l’enlumineur, mais depuis sa découverte par Guillaume de Bure en 1815, il a été à juste titre considéré comme un chef-d’œuvre absolu, réalisé par le plus célèbre calligraphe parisien de l’époque, Nicolas Jarry (vers 1610-vers 1674). Dès 1637 Nicolas Jarry porte le titre de « noteur de la musique du roi ». Ce grand artiste n’était pas seulement calligraphe, mais aussi, comme Portalis le souligne, enlumineur. En revanche Jarry faisait souvent appel à d’autres enlumineurs, tels que Nicolas Robert, pour la réalisation de ses œuvres les plus importantes, l’attribution de l’enluminure de notre manuscrit à la main de Nicolas Robert semble donc tout à fait plausible. En 1896 et 1897, le baron Roger Portalis consacra une publication dans le Bulletin du Bibliophile donnant un aperçu de la vie et de l’œuvre de Jarry, qui révèle son œuvre sous la forme de tous ses manuscrits connus et d’un texte d’introduction. Portalis y réaffirme l’attribution de Guillaume de Bure à Jarry et son enthousiasme pour la « plus grande beauté » de notre manuscrit.

« Thèse manuscrite sur vélin, de la plus grande beauté, que l’on peut attribuer presque avec certitude, suivant de Bure, à Nicolas Jarry, quoique son nom ne s’y trouve point écrit.
Chaque page est décorée d’une bordure élégante et riche formée d’emblèmes, d’allégories, de couronnes, de chiffres et d’armoiries, le tout exécuté avec beaucoup de goût et rehaussé d’or.
Au commencement, le portrait peint sur vélin du Prince de Conti, frère du grand Condé, pour lequel le grand volume a été exécuté, entouré de plusieurs figures, et à la fin on a peint la plante nommée Couronne Impériale, avec la devise: Decorat me purpura junta coronae » (Portalis).
 
La peinture du feuillet 10 de notre manuscrit représentant la Fritillaria imperialis nous place dans un contexte artistique très spécifique. Cette fleur, peinte sans cadre, directement sur le parchemin, est très inspirée d’un autre ouvrage que Jarry calligraphia en 1641 et fit enluminé par le peintre Nicolas Robert, la célèbre Guirlande de Julie (Portalis, Nicolas Jarry, p. 517 p., n° 16  ; J. Vanuxem , Enluminures tardives, in: L’Oeil 28, 1957, p. 50 pp.), dont le manuscrit se trouvait dans la collection du marquis de Ganay avant de rejoindre les collections de la BnF. 

La Guirlande est un recueil de poèmes botaniques de nature symbolique et allégorique, les dessins des fleurs peints sur vélin par Nicolas Robert, le meilleur peintre de fleurs de France, alternant avec soixante-deux madrigaux copiés par Nicolas Jarry, « célèbre entre tous car il était impossible de discerner là où sa plume s’était arrêtée pour reprendre de l’encre ». Elle commence par la Fritillaria imperialis, la couronne impériale, fleur avec laquelle s’achève notre ouvrage. 

De plus une comparaison des feuillets 4v, 5r et 7r de notre manuscrit et la page de titre de la Guirlande de Julie (Vanuxem, Enluminures tardives, fig. p. 50) ainsi que les représentations des fleurs et des fruits sur les feuillets 3v, 4r, 5v etc. et leur puissance symbolique sont de la main d’un artiste, qui connaissait très bien la Guirlande de Julie, sans aucun doute Nicolas Robert et a su la replacer dans un nouveau contexte en termes de contenu et de forme dans notre manuscrit. Ceci explique également le programme pictural du volume, qui combine les allégories et emblèmes princiers-spirituels et séculiers-naturels-philosophiques avec le symbolisme botanique-poétique.

« L’on trouve dans la même pièce la Thèse gravée et imprimée sur vélin, avec deux portraits du prince. Toutes les pages sont également ornées de riches bordures gravées » (vente Mac-Carthy).
Elle fait partie de ces thèses de grand format imprimées sur parchemin à très petit nombre pour les seuls proches du candidat ; elles sont généralement somptueusement illustrées. Cette édition ne déroge pas à la règle et comprend un portrait en médaillon du prince de Conti, en buste de 3/4, soutenu par deux anges et plusieurs putti tenant des emblèmes. Cette planche est signée par Pierre Daret (1604?-1678). Chaque page de texte est décorée de deux types d’encadrement composés d’emblèmes, de chiffres, d’allégories, du chiffre d’Armand de Bourbon, de ses armes, d’après la décoration du manuscrit relié en tête. Ces encadrements ne sont pas signés mais sont selon toute vraisemblance également de Daret.

Peintre et graveur de talent, Pierre Daret a d’abord étudié à Paris puis a complété sa formation à Rome. Il a commencé et terminé sa carrière comme peintre de portraits. La majeure partie de sa vie, cependant, a été consacrée à la gravure. Son œuvre dans cette matière se compose de plus de quatre cents plaques, principalement des portraits. Son succès dans ce domaine a été considérable : il a été chargé notamment de graver les portraits du roi d’Angleterre, de la famille royale de la Pologne, du Pape… Pendant les années 1660, Pierre Daret a vécu et travaillé en Italie à plusieurs reprises. Pierre Daret a été reçu à l’Académie royale française comme un membre à part entière en 1663.

UN DES PLUS EXTRAORDINAIRES MANUSCRITS ENLUMINES DU GRAND SIECLE ENCORE EN MAIN PRIVEE PAR LA QUALITE DE SON EXECUTION ET SON FORMAT.

Provenance : Armand Prince de Conti – Mac-Carthy Reagh, II, 1815, 1474 – Handschriften Sammlung Ludwig (ex-libris gravé par Picasso pour Irene & Peter Ludwig ainsi que l’étiquette pour le numéro d’inventaire).
 
Deux éraflures sur la reliure habilement restaurées.

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