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In-16 carré (148 x 110 mm), de LXIV pp., 44 pp., 2 ff.n.ch. (dont le feuillet blanc), 144 pp. Maroquin olive signé Cuzin au contre plat, plats ornés d’un décor macabre avec des larmes à froid en panneau central, têtes de morts dorées en fleurons d’angle, dos à nerfs avec titre, lieu et date dorés, roulette intérieure, gardes de papier peigne, tranches dorées (Cuzin).
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Carteret, I, 367; Clouzot, 139; Vicaire III, 1145.
Édition originale posthume, exemplaire tiré sur vergé fort.
Tiré à 50 exemplaires, non mis dans le commerce, cet émouvant recueil est composé de lettres adressées par Eugénie de Guérin à son frère Maurice de Guérin pendant la maladie de ce dernier.
La seconde partie de l’ouvrage est le Journal qu’Eugénie écrivit après la mort de son frère en 1839, et qu’elle lui dédia : « Encore à lui, à Maurice mort, à Maurice au ciel. Il était la gloire et la joie de mon cœur. Oh ! Que c’est un doux nom et plein de dilection que le nom de frère ! Vendredi 19 juillet, à 11 heures 1/2, date éternelle« .
Sœur aînée du poète Maurice de Guérin, elle se consacre à la collecte et à la valorisation de l’œuvre de son frère, pour lequel elle éprouve un amour exceptionnel.
Profondément croyante, son mysticisme rejoint celui de Barbey d’Aurevilly, qu’elle rencontre lors de son bref séjour à Paris. En effet, elle ne quitta sa province natale que pour assister au mariage de son frère. Elle resta dans la capitale pendant près de 6 mois, au cours desquels elle rencontra de nombreux écrivains.
Elle est surtout connue pour son Journal, qui couvre les années 1834-1842, et ses Lettres publiées en 1855 par Barbey d’Aurevilly.
Ses Lettres à Louise de Bayne que Maurice courtise, ainsi que ses Lettres à son frère mettent en lumière son talent qui conjugue l’amour du divin avec l’amour fraternel.
Notre édition, publiée par Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, fut tirée sur 3 papiers différents : ordinaire (vergé), vergé fort et vélin..
Exemplaire unique, enrichi d’une belle et longue lettre en partie inédite de 3 pp., signée, de Barbey d’Aurevilly à Sainte-Beuve, envoyée de La Bastide d’Armagnac (dept. des Landes). Non datée, on sait cependant qu’elle fut rédigée le 18 janvier 1856.
Barbey d’Aurevilly aimerait que le critique écrive quelques mots du livre dans l’Athenaeum auquel il collabore depuis le 28 juillet 1855 : « Si vous n’étiez pas probablement archiblasé sur les succès de toute nature que vous devez à votre charmant et admirable talent, vous ne manqueriez pas d’être sensible à l’épilogue que Mlle de Guérin fait de ce talent qui lui était allé au cœur, en passant par l’esprit… Si favorisé qu’on soit de la renommée, l’opinion d’une telle femme peut encore fleurir un amour-propre délicat et peut-être ne mettrez-vous pas sans émotion à votre boutonnière cette fleur d’héliotrope, cueillie pour vous, sur la terrasse du Cayla? ».
Barbey espère lire les lignes que Sainte-Beuve lui avait « presque assuré » de donner, et il demande que lui soit envoyé le numéro spécial du journal « où vous avez parlé de nos chers morts ». La Correspondance de Sainte-Beuve (éditée par Bonnerot, vol. X, 2396 A) signale l’existence de cette lettre et ajoute: « qu’elle n’a pas été retrouvée mais qu’on connaît un fragment cité dans une lettre de Barbey à Trébutien du 19 janvier 1856 ». Sainte-Beuve n’est en effet pas insensible au talent des Guérin. C’est lui qui est choisi par Trébutien pour l’édition d’une étude biographique et littéraire des œuvres de Maurice Guérin, également intitulé Reliquae et publié en 1861.
Il semble donc qu’Eugénie ait ouvert la voie à la publication des œuvres de son frère. Si celui-ci bénéficie d’une relation privilégiée avec Jules Barbey d’Aurevilly, en ayant fréquenté avec lui les bancs du lycée Stanislas à Paris, sa sœur n’est pas en reste. Elle n’est pas seulement louée dans les cercles littéraires pour sa bonté, mais également pour son écriture élégante et remarquable.
Avant même que son Journal ne soit publié, il donne lieu à des lectures orchestrées par son frère, Maurice. Le public, notamment formé par Barbey d’Aurevilly et ses amis intimes, est conquis par la prose d’Eugénie.
Barbey en fait le sujet d’un de ses Memorandum en 1838 : « Guérin m’a conduit dans sa chambre où il m’a lu divers feuillets du journal de sa sœur. — quelle diction charmante et pleine de traits tellement rêveurs qu’ils semblent profonds. Quelle distinction d’esprit ! Quelle noble fille. Et que cet esprit est bien femme ! Et que cette âme est bien sœur ! […] talent qui ne se doute pas de lui-même, naturel, chef-d’œuvre de perfection » (p.280-281)
Ce sont les œuvres d’Eugénie qui sont publiées avant celle de son frère (si on excepte les poèmes en prose publiés de façon posthume par George Sand dans la Revue des Deux monde en 1840). Elle semble avoir beaucoup œuvré de son vivant pour la reconnaissance de son frère, elle y gagne sans l’avoir espéré la reconnaissance des littérateurs du XIXe siècle, mais également ceux du XXe.
Provenance : de la bibliothèque de Bernard Malle avec son cachet discret.
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