Ce chef-d’oeuvre typographique est un événement. (Firmin-Didot)
ETYMOLOGICUM MAGNUM GRAECUM
ETYMOLOGICUM MAGNUM GRAECUM
Venise, Zacharias Callierges pour Nicolaos Blastos et Anne Notaras, 1499.
In-folio (411 x 280 mm) de 224 ff.n.ch., 50 lignes par page sur double colonne; veau brun, dos à nerfs orné (reliure du XVIIIe siècle).
Vendu
Goff, E-112; Dibdin, III, 556; Proctor, 5644; IGI, 3720; Oates, 2213; Sander, 7110; Essling, 1184; Pellechet, 4629; GKW, 9426; BMC, V, p.580; Hain-Copinger, *6691; Firmin-Didot, Alde Manuce et l’Hellénisme à Venise, pp.544-561.

Rupture de stock

Edition princeps.

Dans les dernières années du XVe siècle, deux érudits crétois, Nicolaos Blastos et Zacharias Callierge  fondèrent à Venise une imprimerie exclusivement destinée à imprimer des livres en grec. Ils purent financer leur entreprise grâce à Antoine Callierge, frère de Zacharias et libraire à Venise, à la fortune personnelle de Nicolaos Blastos et aussi grâce à Anne Notaras, fille de Lucas Notaras, l’un des hommes les plus puissants de la cour de l’empereur byzantin Constantin XI. Cette imprimerie devint l’émule de celle d’Alde, sans que les rapports entre leurs propriétaires n’en fussent altérés. On a la preuve de cette entente dans les catalogues d’Alde, où les livres imprimés par Callierge sont également décrits.

Né à Rethymna en Crète, comme Marcus Musurus, à qui l’on doit cette édition, Zacharias Callierge s’installa à Venise au début des années 1490. « Ses premiers essais typographiques peuvent remonter aux débuts de l’imprimerie d’Alde, puisqu’il nous dit avoir voulu tout exécuter par lui-même. Or pour produire un in-folio aussi considérable que le premier livre imprimé par Callierge, L’Etymologicum Magnum, qui parut en 1499, plusieurs années durent s’écouler en essais et travaux de tous genres, avant qu’un pareil résultat fût obtenu. » (Firmin-Didot).

Les caractères grecs gravés, fondus et imprimés par Callierge, bien que très différents de ceux d’Alde, ne leur cédent en rien en beauté, mais la technique adoptée par Callierge et décrite par Musurus dans son poème de préface fut un immense progrès pour l’impression du grec. En effet, selon Nicholas Barker (Aldus Manutius and the development of Greek Script and Type, 1985), contrairement aux caractères aldins, créés d’après l’écriture du calligraphe Immanuel Rhusotas, et dont les accents étaient fondus séparément, ce qui obligeait le typographe à ajuster ces petites pièces dans les interlignes, les caractères de Callierge étaient fondus d’une pièce avec les accents, facilitant considérablement la tâche de l’imprimeur. « Musurus’s elegiac poem on the first page is one of the earliest and most important documents about the technicalities of type-casting » (Proctor, The Printing of Greek in the Fifteenth century, Oxford, 1900, pp.120-124).

« It is justly said by De Bure, ‘that the present is one of the most magnificent publications which ever issued from the press’. Whether the appearance of it damped the ardour, or rendered useless, the exertions of Aldus, we cannot perhaps accurately determine; but it is certain that his promise of publishing the ‘Etymologicum Magnum’… was never carried into execution… Even if it had been executed under the care of Aldus himself, it could not have been more correctly and perhaps so beautifully, printed; since, with all his zeal for the cause of literature… Aldus never produced anything, for solidity and skill of workmanship, at all comparable with the Ammonius and Simplicius, the Therapeutica of Galen and the Etymologicum Magnum, each printed by Callierges in the XVth century. The frequent and successful introduction of the red letter, gives a splendour as well as peculiarity to the efforts of the printer whose work is now under consideration » (Dibdin, Bibliotheca Spenceriana, III, p.65).

Magnifique volume dont l’impression en rouge et noir rappelle les manuscrits byzantins. Chaque début de chapitre est exécuté en rouge, de même que le colophon où l’on voit figurer, entouré d’ornements au trait et de fleurons, d’un coté les mots: Nicolaos Blastos et de l’autre, en regard, les deux lettres  Z K (Zacharias Kallierge), dans un écusson chargé d’un aigle à deux têtes représentant les armes des empereurs de Byzance.

Très bel exemplaire, bien relié au dix-huitième siècle, de ce monument de l’impression grecque au XVe siècle.

Provenance: St Benedict’s Library, Scotland (ex-libris)

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