Le premier guide pratique de la navigation dans les eaux américaines, et le premier manuel de navigation imprimé en Espagne
ENCISO, Martín Fernández de
Suma de geografia que trata de todas las partidas y prouincias del mundo: en especial de las Indias. Y trata largamente del arte del marear: juntamente con la espera en romance: con el regimiento del sol y del norte: nueavamente hecha
Seville, Jacob Cromberger, 1519
In-folio (271 x 198 mm), ff. [75], avec une grande sphère gravée sur bois à l’intérieur de la bordure elle aussi gravée sur bois sur la page de titre, et deux diagrammes gravés sur bois dans le texte ; relié sans le dernier feuillet blanc ; les premiers feuillets avec une ancienne foliation à l’encre ; la liste chronologique du f. 25 étendue à l’encre pour inclure les rois espagnols jusqu’au dix-huitième siècle ; les premiers feuillets délicatement nettoyés ; quelques très petites réparations marginales et quelques trous de vers comblés. Excellent exemplaire en vélin espagnol du XVIIIe siècle, dos lettré à l’encre.
Vendu
Alden, 519/4; Church, 42; Harrisse, 97; Palau, 88433; Sabin, 22551; Stillwell, VI, 836.

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LA PREMIÈRE ÉDITION DU PREMIER LIVRE EN LANGUE ESPAGNOLE SUR L’AMÉRIQUE, LE PREMIER GUIDE PRATIQUE DE NAVIGATION DANS LES EAUX AMÉRICAINES ET LE PREMIER MANUEL DE NAVIGATION IMPRIMÉ EN ESPAGNE.

« La Suma de geographía (1519) de Martín Fernández de Enciso est l’une des pierres angulaires de la littérature cartographique et de navigation espagnole de la première moitié du XVIe siècle. Bien que le livre soit aujourd’hui connu principalement pour contenir la première description imprimée de l’Amérique en espagnol, la Suma était en fait une synthèse des connaissances géographiques de tout le monde connu » (Andrès Prieto, Alexander and the Geographer’s Eye : Allegories of Knowledge in Martín Fernández de Enciso’s ‘Suma de geographía’, in : Hispanic Review, Vol. 78 (2010), p. 169).

« Fernández de Enciso (ca.1470-ca.1528) fut l’un des premiers colons à s’installer à Saint-Domingue, la capitale d’Hispaniola, où il pratiqua le droit et participa activement à des expéditions maritimes. La Suma tente de couvrir la géographie du monde, mais ses informations les plus précieuses sont le chapitre sur les Antilles. Le mot « Amérique » est ici utilisé pour la première fois dans un texte imprimé en espagnol, une dénomination qui, en Espagne, est restée rare jusqu’au XIXe siècle, le mot « Indes » étant le terme préféré. En utilisant une grande variété de sources orales et écrites ainsi que sa propre expérience, Enciso a compilé un livre pratique avec des informations utiles, en particulier pour les navigateurs. Dans sa description des indigènes, il donne des informations précises sur les caractéristiques physiques distinctes de chaque tribu ainsi que sur leur attitude particulière envers les Espagnols » (The John Carter Brown Library, Spanish Historical Writing about the New World).

On ignore quand, pourquoi et avec qui, il s’est rendu en Amérique, mais en 1508 [Enciso] vivait sur l’île de Saint-Domingue, où il avait accumulé une fortune dans la pratique du droit. En 1509, Alonzo de Ojeda (ou Hojeda) avait obtenu le gouvernement de Terra Firme (la région autour de l’isthme de Darien), mais il ne disposait pas des fonds nécessaires pour coloniser le pays. Il s’adressa alors à Enciso, qui avait la réputation d’être riche, capable et aventureux, et ce dernier accepta de fournir un navire avec des hommes et des provisions. Ojeda partit en avance en 1509, et il fut convenu qu’Enciso devait équiper son navire et le suivre en 1510. Lorsque ce dernier arriva, il trouva qu’Ojeda, ayant été assailli par des Indiens hostiles, et ayant épuisé ses provisions et ses munitions, était revenu à sa recherche. Prenant les survivants de l’expédition d’Ojeda, Enciso fonda la ville de Santa María la Antigua del Darien (1510).

Parmi ses partisans se trouvait Vasco Nuñez de Balboa, qui devint ensuite célèbre pour sa découverte de l’océan Pacifique, alors appelé mer du Sud (Mar del Sur), et qui s’était joint à l’expédition à l’insu d’Enciso et sans son autorisation, afin d’échapper à ses créanciers. Peu après la fondation de la nouvelle ville, Balboa initie une rébellion parmi les hommes et parvient à déposer Enciso, qu’il bannit en Espagne. Ce dernier se plaignit au roi de la conduite arbitraire et de l’injustice de Balboa, et le roi, en partie à cause de ces accusations, envoya Pedrarias Dávila en Amérique en 1514 comme gouverneur de Darien, avec pour instruction de faire réparer les torts d’Enciso. Enciso accompagne l’expédition en tant qu' »alguacil mayor » et continue à s’opposer à Balboa jusqu’à l’exécution de ce dernier par Dávila en 1517. Peu après, il retourne en Espagne où il publie sa « Suma de Geografia que trata de todas las partidas del mundo », le premier compte rendu en espagnol des découvertes du Nouveau Monde. L’ouvrage est publié en 1519 à Séville et est réimprimé en 1530 et en 1549. Il est dédié à l’empereur Charles Quint et, selon Navarrete, Enciso y a incorporé tout ce qui était alors connu de la théorie et de la pratique de la navigation.

La partie géographique est donnée avec grand soin, et contient les premières descriptions des terres découvertes dans les mers occidentales, c’est-à-dire les résultats des explorations des Espagnols jusqu’en 1519. Il s’agit, dans l’ensemble, d’un ouvrage plus précis que les autres ouvrages anciens de ce type » (Catholic Encyclopedia).

Enciso « a fixé les latitudes des îles découvertes et de plusieurs points du continent. Le Cap Higuey, à Santo Domingo, est marqué 20°, et le Cap Cruz 23°, et ces positions, bien qu’incorrectes, le sont moins que celles trouvées par Ruysch, Peter Martyr de Anghiera, et d’autres » (Edited Appleton’s Encyclopedia).

Grand hydrographe et explorateur, son travail est inestimable pour l’histoire géographique de ce continent » (Harrisse).

Les premiers feuillets ont été très déclicatement nettoyés ; quelques petites réparations marginales et quelques trous de vers comblés, mais un très bel exemplaire de ce grand livre.

Bien que des exemplaires soient conservés dans un certain nombre de bibliothèques institutionnelles, la première édition de la Suma de Geografia d’Enciso apparaît très rarement sur le marché. Le dernier exemplaire complet à avoir été mis en vente était l’exemplaire Streeter, vendu par Christie’s, New York, le 17 avril 2007 (lot 178, 288 000 $), l’exemplaire présenté ici est comparable.

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