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In-12 (195 x 119 mm) de 2 ff.n.ch., 248 pp., 2 ff.n.ch. Maroquin noisette janséniste, dos à nerfs, doublure de maroquin olive ornée d’un décor macabre mosaïqué (tête de mort et chardons) gardes de moire mauve, seconde gardes de papier peigne, tête doré, couverture jaune sans dos conservée, étui assorti (S. David).
1 en stock
Carteret, I, 118 Chalvet, 18.
Édition originale.
Un des rarissimes exemplaires imprimés sur grand papier de Hollande dont Chalvet répertorie 22.
Exemplaire auquel on a joint :
1. La suite réduite des 9 gravures d’Odilon Redon.
2. Le frontispice de Bracquemond, refusé par Baudelaire.
3. Une lettre autographe de Baudelaire à la Fizelière du 22 février 1864.
4. Une lettre de Manet à Malassis lui demandant deux exemplaires des Fleurs du mal.
5. Un portrait de Baudelaire gravé par Marcellin-Gilbert Desboustin. Ce portrait n’est pas mentionné par Chalvet.
Très bel exemplaire, avec la couverture en l’état définitif (bonne date de la notice sur Jean Schelandre et le nom d’Olympe de Gouges corrigé).
La suite de gravures de Redon
En 1890, les gravures de Redon paraissent séparément, comme une collection de dessins à Bruxelles chez Edmond Deman. Bien que le texte ne soit pas présent, une page présente l’ordre des planches avec leurs poèmes et pages associés selon l’édition des Oeuvres complètes de Baudelaire paru chez Michel Lévy en 1868.
Dans notre exemplaire les planches sont insérées en regard des vers qu’elles mettent en image. Redon intitule son recueil de planches Les Fleurs du Mal. Interprétations par Odilon Redon. L’artiste s’est, en effet, toujours défendu d’être un illustrateur, associant sans doute une forme de dépréciation au travail d’un artiste intervenant après l’écrivain et suivant sa création. Il préfère donc interpréter. Redon n’extrait pas un passage pour le mettre en image mais tente de concentrer l’entièreté du texte en une image. Il s’attache à comprendre l’atmosphère des vers de Baudelaire, de son univers pour ensuite le disperser dans chaque image.
Le frontispice de Bracquemond
Ce frontispice est l’objet de nombreux échanges entre Braquemond, Baudelaire et Poulet-Malassis en 1860. Baudelaire semble de plus en plus inquiet et met un terme aux essais de l’artiste le 20 août. Alors que Baudelaire reçoit le 3e état de la gravure, il écrit à Poulet-Mallasis : « Voici l’horreur de Bracquemond. Je lui ai dit que c’était bien. Je ne savais que dire, tant j’étais étonné. Ce squelette marche et il est appuyé sur un éventail de rameaux qui partent des côtes au lieu de partir des bras. À quoi a servi le dessin décalqué d’après Langlois ? Je ne souffrirai pas que cela paraisse ».
Braquemond semble trop littérale pour Baudelaire, il pare sa composition de 7 fleurs habillées de bandeaux devant recevoir le nom des 7 péchés capitaux. Le squelette est l’idée de Baudelaire, il le veut arborescent. Il regrette probablement que cette idée ne puise être mis à exécution et donc il la réutilise pour Les Épaves. Cette fois le frontispice est exécuté par Félicien Rops.
Cette épisode est l’origine d’une querelle entre Baudelaire et Braquemond. L’auteur mentionne souvent son regret de ne pas s’être adressé directement à Octave Penguilly qui met en image un certain nombre de récits fantastiques.
La lettre à La Fizelière
Albert de la Fizelière est un ami de Baudelaire, ils entretiennent ensemble une correspondance. En 1868, de La Fizelière fait paraître une biographie de Baudelaire chez L’Académie des bibliophiles avec George Decaux. Dans cette lettre, Baudelaire évoque plusieurs articles de presse et théories esthétiques qui semble l’intéresser. Il débute sa lettre en demandant des explications sur la ligne serpentine développée par le peintre graveur William Hogarth dans son essai, The Analysis of Beauty.
Le peintre anglais, sans aucun doute influencé par De Vinci et l’esthétique pittoresque qui règne en Grande Bretagne, considère la ligne courbe et sinueuse comme porteuse de grâce dans une composition picturale. Il loue également l’article de l’historien Horace Viel de Castel paru dans La France du 22 février. Il le trouve absolument incroyable et inouï.
La lettre de Manet à Poulet-Malassis
Manet s’adresse à l’éditeur de Baudelaire pour lui demander deux exemplaires non expurgés, des Fleurs du Mal. Il cite deux poèmes selon lui condamnés Les Femmes damnées, qui font l’objet d’une interdiction, et Une martyre, qui, en revanche n’est pas proscrit. Manet et Baudelaire sont amis, et l’artiste réalise un portrait de l’écrivain dans les années 1860 qui est ensuite intégré à la biographie réalisée par Asselineau (1869).
Portrait gravée par Marcellin-Gilbert
Desboustin Marcellin Desboutin est un spécialiste de la pointe sèche et de l’eau forte, son portrait de Baudelaire est cité dans le grand guide de l’amateur de gravure de Béraldi. Le graveur est notamment spécialisé dans les portraits et réalise ceux du cercle littéraire proche de Baudelaire comme Jules Claretie, Alphonse Daudet ou encore le Sar Péladan.
Très bel exemplaire.
Provenance : Mme Henry Walters (vente à New York, Parke Bernet Galleries, 23-25 avril 1941, lot 118) – Louis de Sadeleer (ex-libris).
Du lundi au samedi
10h – 13h et 14h30 – 19h
(18h les lundi et samedi)
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