URFE Honoré d’ L’Astrée… où par plusieurs histoires, et souz personnes de Bergers, & d’autres, sont deduits les divers effets de l’honneste amitié.

Tchemerzine, V, 943.

Dernière édition complète de l'Astrée partagée entre Toussaint, Quinet, Augustin Courbé et Antoine de Sommaville. Un siècle après l’Arcadia de Sannazaro (1504), L’Astrée marque l’achèvement de la conquête de l’antique fable pastorale par les littératures européennes en langues vulgaires : paru entre 1607 et 1628, le roman d’Honoré d’Urfé est le dernier des grands chefs-d’œuvre nourris de la veine des histoires de bergers. Mais la narration des amours d’Astrée et Céladon dans la Gaule du Ve siècle inaugure aussi une nouvelle époque de la littérature française.

Premier des grands récits publiés au moment où la France répare les plaies nées des guerres de Religion, l’œuvre est très vite apparue comme une étape décisive dans l’art du roman, en même temps que, par sa philosophie de « l’honnête amitié », elle s’est imposée à ses lecteurs comme une référence commune, offrant ainsi la mémoire littéraire des manières de sentir et d’aimer de l’âge classique. "La délicatesse des descriptions de la nature et la peinture des sentiments humains s'y unissent à la galanterie et à l'amour tels qu'on les pratiquait dans la société française. Ce roman très célèbre pendant tout le XVIIe siècle intéresse le savant par la peinture précise de l'idéal précieux et mondain qu’il nous donne ; de plus s'y affirme un goût exceptionnel pour la recherche psychologique qui – à travers la fiction pastoral – influa sur l'esprit et sur la littérature du grand siècle, et détermina l'évolution du roman psychologique" (Laffont).

Ravissante illustration, complète de ses 74 planches ; certaines sont signées par Daniel Rabel (1578-1637), célèbre peintre de miniatures et "prince de l'art botanique", il fut de 1631 à 1632 le peintre personnel de Gaston d'Orléans, fils d'Henri IV et frère de Louis XIII. Elle est comprise dans la pagination: 1 frontispice répété en tête de chaque volume, 12 figures par volume, un portrait d'Astrée répété cinq fois, un portrait d'Urfé répété trois fois (volumes II, III, IV), et le portrait de Baro pour le volume V.

Bel exemplaire dans sa première reliure en vélin ivoire.