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2 tomes en 3 vol. in-folio (535 x 352mm). Collation et illustration : Volume I : 4 ff.n.ch, XII, 204 pp., 2 grandes cartes sur double page de la Grèce moderne et de la Grèce ancienne, 126 figures numérotées 1-126 dont quelques cartes, avec la planche 110 en premier état portant le titre Tournoi-turc. Volume II : 4 ff.n.ch., 346 pp., 34 figures numérotées 1 à 33 dont 1 dépliante, avec la planche 8bis, 1 table typographique à double pour la page 184. Volume III : portrait gravé de l’auteur en frontispice, 2 ff.n.ch., 1 f. feuillet d’avertissement rédigé par le libraire Blaise à l’achèvement de l’ouvrage, 12 pp. contenant la Notice sur la vie et les ouvrages de M. le comte de Choiseul-Gouffier par Bon-Joseph Dacier suivie des articles nécrologiques publiés à la mort de Choiseul- Gouffier et de la Table générale des planches des trois volumes, pp. 347-518, figures numérotées de 34 à 157 et la planche 76bis (la planche 68, grand plan d’Istanbul, est dépliante). Demi-maroquin rouge, dos lisse orné (reliure uniforme vers 1825).
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Blackmer, 342 ; Koç, 145 (troisième tirage de la préface) ; Atabey, 241 (premier tirage de la préface); F. Barbier, Le Rêve grec de Monsieur de Choiseul. Les voyages d’un Européen des Lumières, Paris, 2010 ; Brunet, 1, 1847: “Le premier volume de cet συνταge, à l’époque où il parut pour la première fois, était incontestablement, sous le rapport de la gravure, la plus belle production en ce genre qu’on eût encore vue; aussi eut-il beaucoup de succès.” ; Cohen-de Ricci, col. 238.
Édition originale d’un des plus beaux livres consacrés à la Grèce et au Levant.
Second état de la préface, se terminant aux mots Exoriare aliquis (voir détails donnés par Koç et par Blackmer).
Archéologue passionné et raffiné, Marie-Gabriel, comte de Choiseul-Gouffier (1752-1857) fut le dernier ambassadeur de la monarchie française auprès de la Sublime Porte. Il avait été nommé en 1784. Refusant de rentrer en France lors de la Révolution, il s’opposa pendant à un an à l’entrée en fonction de son successeur. Sa tête fut mise à prix par la République et ses collections détruites par les Jacobins. Il dut chercher refuge en Russie auprès de sa vieille adversaire Catherine II. Paul Ier de Russie le nomma ensuite directeur de l’Académie des Beaux-Arts et de la Bibliothèque impériale, puis Talleyrand s’entremit pour favoriser son retour en France en 1802.
Talleyrand, rencontré au Collège d’Harcourt, avait été le cher ami des beaux jours de l’Ancien Régime. “Monsieur de Choiseul est l’homme que j’ai le plus aimé” écrit Talleyrand dans ses Mémoires. Ils avaient tous deux partagé nombre d’intrigues de cour. Mais c’est dans l’entourage de son cousin le duc de Choiseul que le talentueux Choiseul-Gouffier, bon dessinateur et bon cartographe, avait appris la Grèce auprès de l’abbé Barthélémy, l’un des piliers de Chanteloup, célèbre château de Touraine où le duc avait été exilé. D’avril 1776 à janvier 1777, Choiseul-Gouffier naviguera sur l’Atalante, frégate dirigée par un marin prestigieux, le marquis de Chabert, chargé d’une mission scientifique :
“Choiseul-Gouffier, comme il sied pour un voyage à prétention scientifique, ne part pas seulement en compagnie de son valet de chambre, le fidèle Chartier : il est accompagné d’un secrétaire, l’ingénieur P. Kauffer, d’un architecte sorti de la nouvelle École des Ponts et Chaussées, J. Foucherot; d’un dessinateur, Jean-Baptiste Hilair, qui le secondera jusqu’à la fin de sa vie” (B. Holtzmann).
Au Grand Tour des jeunes seigneurs anglais, Choiseul-Gouffier avait préféré la découverte inédite du Levant. Il en rapportera une vision philhellénique originale puisqu’il envisagera la création d’une Grèce indépendante dans la presqu’île de Morée placée sous protection russe. La publication du premier volume lui valut d’entrer à l’Académie. En 1784, il fut nommé ambassadeur à la Sublime Porte d’où il commença une célèbre collection d’antiques qui fit de lui l’égal de Lord Elgin. Cette collection est maintenant dispersée dans les collections publiques françaises et britanniques.
Choiseul-Gouffier devait mourir en 1817 avant que la troisième partie de son œuvre, dont la deuxième avait paru en 1809, ne voie le jour. Ces deux derniers volumes offraient un contenu novateur. Celui de 1809 traitait de la Troade et de l’Asie Mineure encore peu connues à l’époque tandis que le dernier volume présentait la Turquie sous un nouveau jour, de longs passages étant consacrés aux Dardanelles et à Istanbul.
Chateaubriand, qui avait traversé la Grèce au cours de son voyage vers la Terre Sainte, a loué la qualité du travail accompli par Choiseul-Gouffier : “C’est à M. l’abbé de Saint-Non et à M. de Choiseul-Gouffier qu’il faut […] rapporter l’origine des voyages pittoresques proprement dits. Il est bien à désirer pour les arts que M. de Choiseul achève son bel ouvrage, et qu’il reprenne des travaux trop longtemps suspendus par des malheurs : les amis de Cicéron cherchaient à le consoler des peines de la vie, en lui remettant sous les yeux le tableau des ruines de la Grèce” (Chateaubriand, Voyage pittoresque et historique de l’Espagne par M. de Laborde, in Mélanges littéraires).
L’illustration, principalement due aux talents de Moreau le jeune, A. de Saint-Aubin, Choffard, Huet, Monnet, le célèbre Louis-Sébastien-François Fauvel, comprend au total 285 figures tirées sur 168 planches, en partie à double page ou parfois repliées, montrant des cartes, des plans, des relevés, des sites et des costumes, etc. Il y a aussi 22 vignettes (en-têtes et culs-de-lampe), deux grandes cartes dépliantes, 3 titres gravés et un portrait de l’auteur gravé au burin par M.-F. Dien d’après Boilly. Le tableau typographique relié à la page 184 du volume II contient l’arbre généalogique de la famille Dardannus.
Exemplaire de choix comportant le premier volume en second tirage. On y trouve le Discours préliminaire en douze pages finissant à la 22e ligne. Rédigé par Choiseul-Gouffier en collaboration avec Chamfort, le contenu très philhellénique et anti-turc de ce Discours avait dû en effet être édulcoré après la nomination de Choiseul-Gouffier à l’ambassade de Constantinople.
On remarque aussi la planche 50 qui représente la bataille de Tchesmé gagnée le 6 juillet 1770 par la flotte russe du comte Alexiei Grigorievitch Orlov (1737-1807) contre une flotte turque nettement supérieure en nombre. C’est la plus grande défaite subie par l’empire ottoman depuis la bataille de Lépante. La marine russe était désormais maîtresse de la mer Égée, où elle resta pendant cinq ans. Cette victoire russe, le même jour que celle de Larga et deux semaines avant celle de Kagul, mettra Catherine II en position de force pour les négociations de paix mettant fin à la guerre russo-turque.
Quelques piqûres, les marges de quelques rares planches légèrement roussies, manque de papier marginal à la p. 12, planche 119 mal reliée à la suite de la planche 116, planche 125 mal chiffrée 126. Quelques rares feuillets légèrement brunis au volume 2 et au volume 3.
Du lundi au samedi
10h – 13h et 14h30 – 19h
(18h les lundi et samedi)
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