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CHATEAUBRIAND François-René Atala. René. [Oeuvres, Tome IX]

VENDU

Paris, H. Fournier Jeune, 1832

In-12 (173 x 110 mm), 2 ff.n.ch., 375 pp.ch. Demi veau olive, dos lisse orné d’un décor à la romantique, auteur et pièce de titre sur maroquin noir, tranches marbrées (reliure de l’époque).

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L’exemplaire de Mallarmé

Édition collective peu commune d’Atala et René, faisant partie des Oeuvres publié chez le libraire-éditeur Fournier. Édité en 10 volumes, celui-ci en forme le premier volume, curieusement numéroté IX. Cette édition des Oeuvres complètes débuta au volume IX et s’acheva au volume XVIII. L’ouvrage s’ouvre avec une réédition de la Préface de 1805. À la suite de René se trouve des “Notes et critiques sur Atala”(pp.245-363), suivi des “Préfaces” des 4 éditions précédentes (pp. 364-fin). En 1791, Châteaubriand se rend en Amérique, cela lui inspire deux réalisations littéraires dont Atala. Châteaubriand est alors fasciné par le paysage américain qui offre une nature luxuriante, sauvage et transcendante. Il n’oublie pas d’intégrer cette nature dans Atala, le récit combine en effet ses impressions de voyage à une histoire d’amour tragique. En cela, il se place en digne héritier de Bernardin de Saint-Pierre.

Chateaubriand développe l’histoire d’amour entre deux indiens issus de tribus différentes. Chactas capturé par les Muscogulges est sauvé par la fille du chef, Atala. Les deux personnages tombent inévitablement amoureux et fuient. Toutefois, comprenant que son amour brisera le vœu de chasteté qu’elle a fait à sa mère, Atala décide de s’empoisonner. Elle meurt dans les bras de Chactas et reçoit les derniers sacrements du père Aubry qui les avaient recueillis. L’acmé du récit, qui constitue également les pages les plus émouvantes de l’ouvrage est la mise au tombeau d’Atala. Ses funérailles occupent un passage conséquent dans lequel les sentiments de Chactas et du père Aubry sont mis à l’honneur. Ainsi dans son œuvre, Chateaubriand embrasse les motifs romantiques de l’amour impossible précipité par la mort et des tourments des passions. À la fin du siècle, ce thème est repris et assombris encore d’avantage par Villiers de l’Isle-Adam dans Axël et Barbey d’Aurevilly dans Léa. Chactas est également l’un des personnages de René, cette fois accompagné par le père Souël. Les deux hommes écoute le récit de la vie de René alors exilé dans la tribu des Natchez après avoir traversé l’Europe et l’Amérique en quête de lui-même. Nous sommes cette fois dans le récit d’apprentissage qui s’apparente à Voltaire toute en se focalisant sur les sentiments humains, et notamment la solitude et le mal de l’être.

Exemplaire exceptionnel ayant appartenu à Mallarmé, comme en témoigne sa signature en bleu sur la page de faux-titre. Mallarmé est sans doute marqué par l’écriture de Chateaubriand. On retrouve chez les deux écrivains cette attention au mode de perception du monde. Chez Chateaubriand, l’art est une voie vers le divin, ce qu’il désigne parfois comme le sixième sens. L’appréhension de la divinité chez Mallarmé est bien plus humaine, il considère la dimension sacrée de l’existence. Ce qui est certain est que les deux écrivains se servent de l’écrit et de la poésie comme moyen de perception de l’ineffable, ce que Chateaubriand appelle le « je ne sais quoi » et Mallarmé « autre chose ».

Rousseurs éparses. Manque au coin supérieur de la page 57 sans atteinte au texte. Restaurations aux coins supérieurs de deux feuillet avec une légère atteinte au texte. Plats frottés, dos passé.

Provenance: Signature de Mallarmé sur le faux-titre.

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