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CHAPELAIN Jean Les Sentimens de l’Académie françoise sur la tragi-comedie du Cid

VENDU

Paris, Chez Jean Camusat, 1638

In-8 (173 x 114 mm) de 192 pp. Velin ivoire, dos lisse avec titre manuscrit (reliure de l’époque).

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L’ouvrage qui légitima l’Académie française

Catalogue James de  Rothschild, n° 1143 ; Tchemerzine-Scheler, II, 235 ; Pellison, Histoire de l’Académie françoise. Depuis l’établissement de l’Académie jusqu’en 1652, 1743 ; Picot, Bibliographie cornélienne, n° 1380 ; Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, 379 ; Bulletin Morgand,  n° 7835 (“Ce fut Chapelain que l’Académie nomma pour recueillir ses observations”) ; voir bibliothèque Hector de Backer, II, no. 852. Manque à Brunet.

Édition originale du premier livre publiée par l’Académie française.

Pour sa première publication, l’Académie fait face à un problème épineux : non seulement elle s’empare d’une querelle qui anime la sphère littéraire française entre les partisans du Cid et ses opposant, au moment où des centaines de libelles se répondant les uns aux autres voient le jour ;  mais elle s’expose également à un problème juridique. D’après ses statuts, l’Académie ne peut examiner que des ouvrages de ses membres. Pour les autres écrivains, elle ne peut qu’émettre des avis. Toutefois Corneille et les multiples querelles qu’il déclenche valent bien qu’on s’y attarde.

Le succès du Cid fortifie l’ego de Corneille qui publie le 20 février 1637 l’Excuse à Ariste pour répondre au premières critiques :

« Je sais ce que je vaux, et crois ce qu’on m’en dit.    
[…]
J’arrache quelquefois trop d’applaudissements ;    
[…]
Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée,    
Et pense, toutefois, n’avoir point de rival    
A qui je fasse tort en le traitant d’égal… »

Cet excès de confiance n’est pas pour plaire aux dramaturges et autres académiciens, Georges de  Scudéry répond anonymement à Corneille en publiant ses Observations sur le Cid. Ce dernier, soutenu par Richelieu, continue son entreprise et fait paraître en juin 1637 une Lettre de Mr de Scudery a l’Illustre Académie, dans laquelle il demande l’examen du Cid. Â«Illustre» est alors un adjectif ambitieux. En 1637, l’Académie est surtout très jeune (Les lettres patentes destinées à l’enregistrement officiel, bien que rédigées en 1635, ne sont acceptées que le 9 juillet 1637).

La demande de Scudéry est alors considérable. Jean Chapelain élabore l’étude qui est longue et laborieuse. Il n’est cependant pas seul, des commissaires sont nommés afin de se prémunir d’éventuels dommages risqués par cette jeune académie qui doit se constituer une image auprès du public. En outre, il reste une question légale à résoudre. 

Alors que les académiciens, en tête Chapelain et Valentin Conrart, ont déjà commencé à travailler sur l’examen du Cid, ils demandent le consentement de Corneille en vue de la publication de leur Sentimens. Ce dernier est obtenu le 13 juin 1637: Â« Messieurs de l’Académie peuvent faire ce qu’il leur plaira » (Pellison, p.126).

La parution des Sentiments de l’Académie française sur la tragi-comédie du Cid constitue alors la dernière étape de la querelle. Le 30 juin 1637, Chapelain présente son mémoire à l’Académie puis à Richelieu. Ce dernier le corrige en plusieurs endroits, comme en témoigne le manuscrit conservé à la BNF et comprenant de nombreuses notes «de la main de M. Citois, son premier médecin ». Il est finalement publié à la fin de l’année après un privilège accordé le 26 novembre. 

Le livre est largement diffusé, entrainant la fin de la querelle grâce au jugement officiel de l’Académie. C’est donc une double réussite  pour l’Académie qui se fait largement connaître grâce à cette publication et qui réussit à imposer son autorité de société savante.  

Toutefois, la querelle a de longues répercussions sur le paysage dramaturgique français et sur son Académie. Corneille, déçu des conclusions de ses pairs, ne se présente à l’Académie qu’après la mort de Richelieu en 1644, et est finalement élu le 22 janvier 1647 après plusieurs refus. 

Petite galerie de vers dans la marge supérieure de l’ouvrage affectant le premier tiers de l’ouvrage mais sans atteinte au texte.

Bel exemplaire dans sa reliure d’époque. 

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