CERVANTES Miguel de Novelas exemplares.

Ford-Lansing, p. 23 ; Rius, I, 233 ; Heredia, II, 2641 ; Salvá, 1747 ; Losada Goya, 189.

Bonne édition ancienne de l’autre chef-d’œuvre de Cervantès.

Les Novelas exemplares, publiées pour la première fois en 1613 à Madrid chez Juan de la Cuesta, connurent, comme le Quijote, un succès extraordinaire. Ce recueil qui contribua à lancer la mode du “récit espagnol” en Europe pénétra dans tous les foyers où l’on lisait, et séduisit même les savants et les philosophes (Spinoza, dont la bibliothèque était peu fournie, possédait un exemplaire de l’édition de Séville, 1627). Avec les Novelas exemplares, composées dans le laps de temps séparant la publication des deux parties du Quijote (1605-1615), Cervantès brisait les règles conventionnelles du conte italien et renouvelait le genre par l’emploi de structures plus souples et la peinture de cette humanité qu’il avait pu observer dans les places, rues et ruelles d’Espagne. Une narration animée et sans faille, des dialogues vifs et serrés, une imagination sociale parfaitement aiguisée, un style brillant et précis, un réalisme lucide qui n’ignore pas la psychologie : telles sont les qualités qui structurent ces douze immenses chefs-d’œuvre narratifs.

En France, c’est par les traductions “historiques” de François de Rosset et Vital d’Audiguier que ces merveilleuses Novelas entamèrent, dès 1615, leur étonnante et féconde carrière. Il faudra attendre 1678 pour que paraisse une nouvelle traduction due à Charles Cotolendi (il s’agissait en fait d’une refonte “modernisée” des versions de Rosset et Audiguier).

Cette édition belge a été établie à partir de celle donnée à Bruxelles, en 1614, par Huberto Antonio et Roger Velpio, qui reproduisait sans modifications le texte de l’originale.

Rare et recherché, comme toutes les éditions des Novelas, du Quijote et des autres ouvrages de Cervantès publiés dans la première moitié du XVIIe siècle. Papier un peu bruni, des rousseurs, très bon exemplaire cependant.