VENDU
4 parties en 2 volumes in-12 (164 x 90 mm) de 2 ff.n.ch. et 207 pp.ch. pour la première partie ; 1 f. blanc, 1 f.n.ch. et 219 pp.ch. pour la seconde ; 1 frontispice, 2 ff.n.ch. et 216 pp.ch. pour la troisième ; 2 ff.n.ch., 209 pp.ch. et 1 f.n.ch. pour la quatrième. Veau fauve moucheté, dos à nerfs, compartiments ornés de fleurons au pointillé et petits fers dorés, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge, roulette sur les coupes, tranches mouchetées rouges (reliure de l’époque).
Rupture de stock
Tchemerzine-Scheler, I, 225 ; Brunet, I, 569 ; voir Cioranescu, 8936-37 pour l’édition de 1698 ; Mary Elizabeth Storer, La Mode des contes de fées (1685-1700), pp. 17-41 ; Christophe Martin, « L’Illustration des contes de fées (1697-1789) », in Cahiers de l’Association internationale des études françaises, 2005, n° 57, pp. 113-132 (en ligne).
Précieuse réunion du premier groupe de contes de fées publiés par Madame d’Aulnoy. Il s’agit, rappelons-le, du plus célèbre recueil du genre avec les Contes de Charles Perrault publiés en 1697, et de celui qui lança à proprement parler cette mode des « contes de fées » qui devait connaître un formidable engouement dans la première moitié du XVIIIe siècle. L’ouvrage reprend la première série de contes publiés en quatre volumes par Madame d’Aulnoy en 1698, édition aujourd’hui introuvable
La BnF ne possède que les deux premiers tomes des Contes nouveaux et trois exemplaires du volume unique des Illustres fées de 1698, dont deux sont des contrefaçons hollandaises. Par ailleurs, les anciens catalogues de ventes publiques et de libraires ne mentionnent que des volumes séparés de ce premier corpus, le plus souvent dans des reliures dépareillées et en fort mauvais état. Le tome I contient La Princesse Carpillon, La Grenouille bien-faisante, La Biche au bois, Le Gentilhomme bourgeois, La Chatte blanche et Le Chevalier fortuné. On trouve dans le tome II : Le Pigeon et la colombe, La Princesse Belle Étoile, Le Prince Marcassin, Le Dauphin et la Suite du Gentilhomme bourgeois.
Les deux premières parties formant le volume I de notre exemplaire (datées de 1715) renferment une nouvelle édition du texte de 1698, agrémenté de cinq jolies vignettes en tête inspirées de celles de Clouzier et signées Raymond. Les deux parties formant le volume II (à la date de 1711) contiennent la seconde édition de la Suite des Contes nouveaux, la seule dont Avenir Tchemerzine a pu établir une collation en l’absence de l’édition originale de 1698 ; les 7 vignettes en tête sont également gravées par l’aimable artiste dénommé Raymond. Le beau frontispice ornant le deuxième volume mérite une mention à part. « Comme l’a justement souligné Gabrielle Verdier [Figures de la conteuse dans les contes de fées féminins, in : XVIIe siècle, 1991, vol. 45, n° 180, p. 485], l’image modifie de manière significative les « topoï » du frontispice des Contes de Perrault : un singe a remplacé le chat, il ne s’agit plus d’une veillée (le feu de bois est éteint) et les enfants sont vêtus à la pastorale. Surtout, l’image de la conteuse apparaît nettement plus valorisante. Toute référence à La mère l’Oye a disparu. La conteuse n’est plus une simple paysanne mais « une sorte de sibylle » qui porte des lunettes et tient à la main, en lieu et place de la quenouille, un livre ouvert portant le titre Contes des Fées, et en dessous : Gracieuse et Percinet. Irruption spectaculaire du livre dans la mise en scène de la narration des contes : la lecture a remplacé l’énonciation orale, manière de revendiquer l’aspect proprement littéraire du conte de fées. Le frontispice semble illustrer les revendications spécifiques des auteurs féminins de contes de fées, qui tendent à écarter la féerie ancienne pour ses liens trop étroits avec la superstition populaire et la trivialité domestique » (cf. Christophe Martin, op. cit.).
Pour M. E. Storer, Madame d’Aulnoy (v. 1650-1705), écrivain prolifique, est «l’innovatrice des contes de fées, comme genre écrit». En effet, elle publia son premier conte dans son Histoire d’Hypolite, comte de Douglas, en 1690, « six ans avant la publication de la Belle au Bois Dormant dans le Mercure et sept ans avant l’apparition de son premier recueil de contes ». Ce fut elle également qui, la première, nomma ses recueils «contes de fées» , sanctionnant ainsi la naissance d’un genre nouveau et fondant une solide tradition littéraire. Son imaginaire est certes éloigné de celui d’un Charles Perrault, à qui elle est souvent comparée, et son style est à sept lieues de celui – sobre, concentré, aérien – de l’auteur du Chat botté. Heureusement, sans doute, car trop de retenue et moins de romanesque auraient gâché le plaisir presque gourmand que procure la lecture de ces récits foisonnants, riches en péripéties et métamorphoses, «sucrés de dragées et de confitures » . Mais cette femme qui a conservé une âme d’enfant est bien de son siècle : son merveilleux est « presque toujours un merveilleux rationnel… Ces animaux que nous avons vu garder leur caractère d’homme dans leur métamorphose, n’est-ce pas la raison dans le surnaturel ? Mme d’Aulnoy, même par un merveilleux abondant, appartient au grand siècle cartésien et, comme Fontenelle, elle est inspirée à la fois par la raison et par le bel esprit » (M. E. Storer).
Bel ensemble, et agréables reliures uniformes contemporaines de l’édition. Habiles réfections aux mors et aux coupes.
Du lundi au samedi
10h – 13h et 14h30 – 19h
(18h les lundi et samedi)
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