BOOK OF HOURS The Juvisy Montferrand Hours, use of Rome. Manuscript in Latin and French on vellum, illuminated by the Master of Jean d’Albret and the Master of the Chronique scandaleuse.

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France, Paris, c.1500

In-8 (c. 205 x c. 136-140 mm) Manuscrit en latin et en français sur vélin, enluminé par le Maître de Jean d’Albret et le Maître de la Chronique scandaleuse. ii + 124 +ii ff. (mal chiffrés 123). Collation approximative : 16, 2-58, 610, 78, 8-1210, 1312, 1410 (6-4); quatre feuillets enlevés à la fin de du cahier 14, probablement des feuillets blancs. Foliotation moderne au crayon, mal chiffrée à partir du feuillet 105 comme f. 104. – Text justifié : 115 x 65 mm. 22 lignes, 1 colonne, rubriqué en rouge. Écriture à l’encre noire en Texture gothique, rubriques en bleu, calendrier alterné en rouge et bleu, fêtes principales en or, capitales touchées en jaune. – Initiales en forme de volutes blanches ou bleues sur fond d’or avec oiseaux, fleurs ou mouches ; petites initiales sur fond bleu et rouge avec corps d’or ; fins de lignes en forme de bûchettes taillées ou de blocs rouges et bleus alternés avec fioritures d’or ; bordures florales à fond d’or sur toutes les feuilles avec hybrides, acanthes ou peintes sur parchemin avec formes diverses à fond d’or avec acanthes et fleurs ; 44 miniatures, dont 1 à pleine page, 20 à demie-page, 11 petites et 12 vignettes de calendrier en deux parties. – En belle condition, avec de petits trous de vers au f. 1, de très légères pertes de pigments (ff. 1, 24v), quelques de feuilles légèrement rognés (ff. 2, 5, 41 ). – Maroquin rouge du 20e siècle dans le style du 17e siècle, double encadrement de filets dorés sur les côtés, dos à nerfs doré, tranches dorées, conservé dans un coffret moderne en maroquin rouge de Loutrel.

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Fascinante collaboration entre le Maître de Jean d’Albret et le Maître de la Chronique scandaleuse, ce brillant exemple d’enluminure de dévotion parisienne tardive a été transmis au sein de la même famille, Juvisy de Montferrand, pendant des siècles.

Texte

NB : La foliation moderne au crayon a mal numéroté les feuillets à partir du f. 104. Par souci d’exactitude et de clarté, nous avons noté la foliation correcte, suivie de la foliation au crayon entre parenthèses.
 

ff. 1-6v           Calendrier avec un saint pour chaque jour de l’année, avec les principales fêtes de St. Vincent, La Chandeleur, SS. Paul, Grégoire, Notre-Dame, SS. Georges, Marc, Sainte-Croix, SS. Jean, Nicolas, Pierre et Paul, Barnabé, Martin, Marie-Madeleine, Jacques, Anne, Étienne, Berthelemy, Michel, Matthieu, Denis, Simon, Clément, Catherine, André, Thomas, Noël, « Les innocens ».

ff. 7-13v           Passion

ff. 14r/v           blanc ligné

ff. 15-19v           Extraits des Évangiles

ff. 20-24           Obsecro te; O intemerate (f. 22v)

ff. 25-70           Heures de la Vierge, à l’usage de Rome.

f. 70v            blanc ligné

ff. 71-84           Psaumes pénitentiels, suivis de la litanie incluant : Gervais, Protais, Denis et Geneviève.

f. 84v             blanc ligné

ff. 85-87            Heures de la Croix

f. 87v           blanc

ff. 88-90           Heures du Saint Esprit

f. 90v            blanc ligné

ff. 91-119(118)            Office des Morts, à l’usage de Rome.

ff. 119v(118v)-125(124)           Suffrages des saints, y compris les SS. Michel, Jean-Baptiste, Jean l’Évangéliste, Pierre et Paul, Sébastien, Nicolas, Anne, Marie-Madeleine, Catherine, Barbara et Marguerite.

f. 125v(124v)           blanc ligné

Enluminure

Dans son examen privé de ce manuscrit, Isabelle Delaunay a attribué sa décoration à deux mains principales, le Maître de Jean d’Albret et le Maître de la Chronique scandaleuse.  Dans son analyse de la répartition des mains, Delauny affirme que le Maître de Jean d’Albret est le seul responsable des enluminures du calendrier (ff. 1-6v), des petites miniatures pour les Suffrages des Saints (ff. 118-123), et de neuf miniatures dans le reste du manuscrit. Elle soutient que le Maître de la Chronique scandaleuse a peint indépendamment l’Annonciation (f. 26), et que le reste du livre, comprenant onze miniatures, a été peint en équipe par les deux artistes (mains notées en détail ci-dessous), le Maître de Jean d’Albret étant généralement responsable des paysages et des figures subsidiaires, tandis que le Maître de la Chronique scandaleuse était responsable des figures de la Vierge et de l’Enfant.

Dans sa thèse de doctorat de 2000, Delaunay nomme le Maître de Jean d’Albret (vers 1490-1510)[1] Actif à Paris, il a enluminé aussi bien des manuscrits que des ouvrages imprimés et occupe une place notable dans l’enluminure parisienne des années 1490-1510. Son nom provient de deux incunables peints pour Jean III de Navarre, comte de Périgord et vicomte de Limoges, seigneur d’Albret (1469-1516), à savoir le Recueil des histoires troiennes de Raoul Le Fèvre, vers 1494[2], et La nef des fous de Sébastien Brant (Paris, A Bocard pour J. Philippe et G. de Marnef, 1497)[3] Le maître de Jean d’Albret a beaucoup travaillé pour l’imprimeur Antoine Vérard[4], mais aussi pour d’autres libraires comme Thielmann Kerver ou, en 1510, pour Gillet Hardouyn.

On le retrouve également à l’œuvre, par exemple, dans Jehan Massue, Les Marguerites hystoriales, vers 1495[5], dans La Vie de très Glorieuse royne madame saincte Radegonde[6], et dans un Office de saint Hubert, offert en 1493 par le libraire Geoffroy de Marnef à la confrérie du même nom[7]. [Son style est facilement reconnaissable dans les Heures de Maître Jean de Launay, procureur au Parlement de Paris[8], qui se distingue par la représentation de visages dont la partie inférieure a une forme triangulaire. Les contours des yeux sont très marqués. Ses enluminures sont souvent entourées d’une ligne noire ou bordeaux, avec des cheveux peints en brun ou en noir et rehaussés d’ondulations dorées.

Le Maître de la Chronique scandaleuse (fl. 1491-1510) doit son nom à un manuscrit de la Chronique parisienne du temps de Louis XI de Jean de Roye, dont la copie fut achevée en 1502 pour un membre de la famille Dammartin[9] Il travaille pour des clients princiers et enlumine de nombreux incunables d’Antoine Vérard destinés au roi Charles VIII pour lequel il réalise également de merveilleuses Très Petites Heures[10]. [Il illustre deux magnifiques manuscrits pour Anne de Bretagne, celui de son couronnement, conservé à Waddesdon Manor (22) et celui des Épîtres d’Ovide, par Octavien de Saint-Gelais[11]. Il est également au service de Marguerite d’Autriche et de Philippa de Gueldre, duchesse de Lorraine[12].

[1] Delaunay 2000, vol. II, pp. 30-31.

[2] New York, PML 515 CHL NoF1541; see Winn 1997, pp. 198-99, 349, figs. 5.

[3] Dresden, Sächsische Landesbibliothek, Inc. 4114; Winn 1997, p. 198, figs. 4, 26.

[4] Par exemple, il a enluminé un exemplaire d’Aeneas Sylvius Piccolomini, Euralius et Lucresse, Paris, Antoine Vérard, c. 1493 (Londres, BL, IB 41145 ; Winn 1997, fig. 3.2, p. 90) ; toujours pour Vérard, le maître de Jean d’Albret a peint les Grandes Heures Royales pour Anne de Beaujeu, 1490 (collection particulière ; Winn 1997, p. 195, fig. 4.25) ainsi que les Heures pour Charles d’Angoulême, vers 1492 (New York, PML 127775 ; Winn 1997, p. 159, 4. 12). Enfin, on reconnaît sa main dans les Heures à l’usage de Rome (Carpentras, BM, MS 54, voir Delaunay 2000, vol. II, pp. 28-31) : « Nous proposons de nommer cet artiste le Maître de Jean d’Albret… »), ainsi que dans le Kalendrier des Bergers, 18 avril 1493, présenté au roi par A. Vérard.

[5]Paris, BnF, fr. ms. 955.

[6]Paris, BnF, fr. ms. 1784.

[7]Paris, Arsenal, ms. 168.

[8]Baltimore, Walters Art Museum, ms. W. 448.

[9]Paris, BnF, ms. Clair. 481.

[10]Drouot, 4 XII 2000, lot 25.

[11] Los Angeles, J. Paul Getty Museum, ms. 121.

[12]Avril and Reynaud, Les manuscrits à peints en France 1440-1520, Paris 1993, n° 150-151; France 1500, entre Moyen Âge et Renaissance, Paris 2010-2011, nos. 105, 107.

Miniatures

NB : La foliation moderne au crayon a mal numéroté les feuillets à partir du f. 104. Par souci d’exactitude et de clarté, nous avons noté la foliation correcte, suivie de la foliation au crayon entre parenthèses.

24 petites miniatures dans le calendrier du Maître de Jean d’Albret:

f. 1                          Janvier : homme à table avec son serviteur (Verseau)

f. 1v                        Février : homme se réchauffant près d’un feu (Poissons)

f. 2                          Mars : taille de la vigne (Bélier)

f. 2v                        Avril : femme tenant une fleur d’or (Taureau)

f. 3                          Mai: Homme à cheval tenant un faucon (Gémeaux)

f. 3v                        Juin: faucheur (Cancer)

f. 4                          Juillet: récolte (Leo)

f. 4v                        Auût : deux hommes tamisant le blé ; (Virgo)

f. 5                          Septembre: Homme piétinant des raisins (Libra)

f. 5v                        Octobre: homme semant des graines (Scorpio)

f. 6                          Novembre: Homme avec un porc renversant des glands (Sagittarius)

f. 6v                        Decembre: homme cuisant du pain dans un four à bois ; chèvre émergeant de la coquille (Capricorn)

 

Sauf indication contraire, les miniatures suivantes sont principalement de la taille d’une demi-page :

f. 7                          Trahison de Judas, Maître de Jean d’Albret ; hybride en pleine bordure

f. 15                        Saint Jean de Patmos, avec son aigle ; paysage par le Maître de Jean d’Albret ; la figure de Saint Jean par le Maître de la Chronique scandaleuse ; cadre élaboré avec des colonnes torsadées et des feuilles d’acanthe ; bordure pleine avec quatre grotesques.

f. 16v                     Saint Luc et le taureau (à mi-page), Maître de Jean d’Albret ; bordure complète avec deux grotesques

f. 17v                     Saint Matthieu et l’ange (à mi-page), Maître de Jean d’Albret ; bordure complète avec deux grotesques et un oiseau

f. 19                        Saint Marc et le lion (à mi-page), belles couleurs pourpre, orange, bleu et vert, Maître de Jean d’Albret ; bordure pleine avec deux grotesques et un oiseau.

f. 20                        Vierge en prière au ciel (à mi-page), Maître de Jean d’Albret ; bordure complète avec deux grotesques

f. 22v                     Vierge à l’Enfant entourée de deux anges (à mi-page), Maître de Jean d’Albret ; deux coquilles en pleine bordure

f. 24v                      Arbre de Jessé (pleine page), Maître de Jean d’Albret ; L’Arbre de Jessé est d’une puissance remarquable. La Vierge et l’Enfant dans l’arbre par le Maître de la Chronique scandaleuse

f. 25                        Annonciation, Maître de la Chronique scandaleuse ; trois grotesques (dont deux avec des corps supérieurs masculins et féminins posés dans une dispute) et un oiseau dans des bordures pleines.

f. 32                        Visitation, la Vierge par le Maître de la Chronique scandaleuse ; Elisabeth porte une grande coiffe, et un Joseph âgé se tient derrière la Vierge ; le paysage caractéristique du Maître de Jean d’Albret, avec des arbres composés de touches de vert foncé rehaussées de deux verts plus clairs ; trois grotesques en pleine bordure

f. 40                        Nativité, Maître de Jean d’Albret ; la Vierge par le Maître de la Chronique scandaleuse ; les bergers se tiennent derrière l’étable ; modelé admirablement puissant et précis du visage de Joseph ; deux grotesques en pleines bordures

f. 43                        L’Annonciation aux bergers, maître de Jean d’Albret ; deux grotesques en pleine bordure

f. 46                        L’Adoration des Mages, Maître de Jean d’Albret ; la Vierge à l’Enfant ainsi que le baldaquin avec ses motifs circulaires par le Maître de la Chronique scandaleuse ; deux grotesques en pleine bordure

f. 49                        La Présentation au Temple, Maître de Jean d’Albret ; la Vierge à l’Enfant par le Maître de la Chronique scandaleuse ; le serviteur tient un cierge, allusion à la fête de la Chandeleur ; deux grotesques en pleines bordures

f. 52                        Fuite en Egypte, Maître de Jean d’Albret ; la Vierge à l’Enfant par le Maître de la Chronique scandaleuse ; paysage caractéristique du Maître de Jean d’Albret, avec ses arbres et ses collines bleues ; sa très belle Vierge au voile bleu provient d’un modèle de Jean Bourdichon acquis par le Musée de Cluny ;[1] deux grotesques en pleines bordures

f. 57                        Couronnement de la Vierge, Maître de Jean d’Albret ; la Vierge par le Maître de la Chronique scandaleuse ; nuages de séraphins rouges, or et bleus ; le cadre est à nouveau élaboré avec des colonnes torsadées ; deux grotesques dans des bordures pleines.

f. 71                        David regardant Bethsabée se baigner, Maître de Jean d’Albret ; Bethsabée par le Maître de la Chronique scandaleuse ; elle est habillée et porte une coiffe d’or ; quatre grotesques en pleines bordures

f. 85                        Crucifixion, le centurion est à cheval, Maître de Jean d’Albret ; Marie-Madeleine au pied de la Croix par le Maître de la Chronique scandaleuse ; deux grotesques en pleines bordures

f. 88                        Pentecôte, Maître de Jean d’Albret ; la Vierge lisant ses Heures par le Maître de la Chronique scandaleuse ; saint Pierre posé puissamment en prière, à droite au premier plan avec un modelé du visage admirablement précis ; oiseaux et deux grotesques en pleines bordures

f. 91                        Job sur le tas de fumier visité par sa femme et ses amis, Maître de Jean d’Albret ; oiseau et deux grotesques en pleine bordure

f. 118v (117v)        Sainte Trinité (à mi-page), Maître de Jean d’Albret ; deux grotesques dans des bordures partielles

Suffrages enluminés de petites miniatures dans le texte par le Maître de Jean d’Albret:

f. 119 (118)           St. Michael ; deux grotesques en bordures partielles

f. 119v (118v)        St. Jean Baptists ; deux grotesques en bordures partielles

f. 120 (119)           St. Jen Evangéliste ; deux grotesques en bordures partielles

f. 120v (119v)       Saints Pierre et Paul ; oiseau et grotesque dans les bordures partielles

f. 121 (120)           St. Sébastien ; oiseau et grotesque dans les bordures partielles

f. 121v (120v)        St. Nicolas; oiseaux et grotesques en bordures partielles

f. 122 (121)           Sainte Anne apprenant à lire à la Vierge ; bordures partielles

f. 122v (121v)        Sainte Marie-Madeleine ; hybride en bordures partielles

f. 123 (122)           St. Catherine ; grotesque en bordures partielles

f. 123v (122v)       St. Barbara ; grotesque en bordures partielles

f. 124 (123)           St. Margarète échappant au dragon ; bordures partielles

 [14] Cl. 23798, voir Thermes et hôtel de Cluny musée national du Moyen Âge, Œuvres nouvelles, 1995-2005, sous la direction d’E. Tabouret- Delaye , 10 mai-25 Sept. 2006, cat. 35; modèle apprécié à Paris. Nous connaissons 8 miniatures qui correspondent à ce prototype; Delaunay, “Échanges artistiques entre livres d’heures manuscrits et imprimés produits à Paris (vers 1480-1500)”, vol. 2, notice of Carpentras ms. 54, pp. 28-31. 

Provenance

1.                   Paris, Charles-Louis-Armand Pajot de Juvisy (1818-1882)

2.                   Paris, Marie Pajot de Juvisy de Montferrand (1838-1913)

3.                   Paris, Marie Fernande Caroline Pajot de Juvisy de Montferrand (1862-1913), épouse d’Albert de Sonis, par héritage à :

4.                   Paris, Countess Henriette d’Hespel (née de Sonis;1882-1973), Hubert d’Hespel (1880-1968);

5.                   Giselle d’Hespel (1905-2000);

6.                   Europe, collection privée

Le manuscrit était auparavant dans une reliure du XIXe siècle de R. Raparlier, avec un chiffre couronné et doré MJ au centre du plat supérieur. Ce monogramme est probablement lié à Charles-Louis-Armand Pajot de Juvisy, qui a fait relier l’ouvrage par Raparlier et il est naturel que son numéro soit MJ, (c’est-à-dire que le M est placé avant le J, étant donné le titre de marquis).

Cela s’est probablement produit peu après qu’il ait obtenu le droit d’accoler les noms de ses parents par une ordonnance de Louis-Philippe datée du 17 février 1843 (6 mars 1843 ?). Ses parents étaient Charles Pajot de Juvisy (né vers 1769), capitaine de dragons, et Louise de Montferrand (1780-1865 ; fille d’Alexandre Louis, marquis de Montferrand (1742-1831 ; vicomte de Rosoy, capitaine de dragons au régiment de la Reine), seizième et dernier du nom.

Une autre possibilité est que MJ indique Marie Fernande Caroline Pajot de Juvisy de Montferrand (1862-1913), mère d’Henriette de Sonis (1882-1973), par laquelle le livre a été transmis à Giselle d’Hespel, après la mort de laquelle le livre est entré dans le commerce.

Littérature

Inédit.

Bibliographie et d’autres références :

Avril & Reynaud. Les manuscrits à peintures en France 1440-1520. Paris 1993, nos. 150-151.

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