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In-4 (297 x c. 208-210 mm). iv + 262 + iii ff.n.ch. sur vélin fin, gardes en papier. Relié trop serré pour donner une collation précise: ff. 19-79v, avec notation de signatures (ff. 19-74v, 7 cahiers en 8 ff.n.ch., ff. 75-79v, cahier de 5 ff.); 2 ff. enlevés entre les ff. 18v-19, 2 feuillets enlevés entre ff. 77v-78, 1 feuillet enlevé entre ff. 94v-95. Foliotation moderne au crayon dans l’angle droit du haut. – Justification du texte : 197 x 140 mm. 26-41 lignes [[1] ff. 8-18, 40-41 lignes, sinon, 26]. 2 colonnes, rubriqué en rouge. Écrit à l’encre noire en caractères gothiques Textualis, rubriques en rouge, initiales alternativement en bleu et en rouge, majuscules touchées en rouge. 4-5 portées de musique en rouge (14-16 mm chacun, 3-4 mm pour les portées); petites notes du rubricateur occasionnellement visibles en marges 18 pages de notation musicale, des milliers de grandes initiales filigranées, 3 initiales historiées, et 1 miniature à deux parties – f. 174v, deux impressions à froid de sceaux ou de médailles; piqûres pour la doublure sont visibles de temps en temps, elles ont été rognées lors de la reliure, affectant parfois la décoration ; les marques d’un long usage sont évidentes par les traces de doigts, l’usure et la déchirure du parchemin sur les bords, et quelques zones de taches, notamment entre les ff. 207-218, ff. 255-262v ; quelques notes plus récentes par endroits (ff. 13v, 17, 38, 163v, 177v, 195) ff. 7v-8, portion d’une feuille enluminée du XVe siècle employé pour matériel de reliure ; restaurations effectuées en papier par endroits (ff. 85v, 86, 87v, 90); petits dessins naïfs (ff. 241v-242) notamment sur l’initiale de la lettre ‘I’ (f. 131) – Veau moucheté du XVIIE siècle, dos à nerfs orné ave 5 pièces de titre en maroquin rouge avec les indications :: MISSALE ORD. SS. TRINIT. // MSS. // POSITIS SEPARATIM // GRADUA. COLLECT. EPIST. EVANG. // ETC., fer doré de l’ordre de Malte sur les extrémités du dos.
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Confectionné à Paris dans le deuxième quart du XIIIe siècle, sous le règne de saint Louis IX, à l’usage de l’abbaye de Saint-Victor – l’un des principaux centres de la vie intellectuelle de l’époque. Ce grand livre liturgique parisien contient une miniature en deux parties, trois initiales historiées, des milliers de grandes initiales filigranées et 18 pages de notation musicale.
Le présent codex est une compilation de textes liturgiques, comprenant un Graduel, un Sacramentaire et un Lectionnaire de la Messe – constituant une sorte de précurseur du Missel (Lebigue, Jean-Baptiste, Initiation aux manuscrits liturgiques, 2007, p. 145). Le Graduel comprend les chants de la messe, ici sans notation musicale. Le Sacramentaire rassemble tous les textes nécessaires au célébrant clérical pour accomplir la messe (Lebigue 2007, p. 119). Le Lectionnaire présente les Épîtres et les Évangiles pour la messe (Lebigue 2007, p. 132. Le livre comprend en outre 18 pages de musique en notation modale rythmique, développée par l’école de Notre-Dame et prédominante jusqu’au milieu du XIIIe siècle, lorsque la notation mensurale a pris le dessus en termes de popularité. Le manuscrit a été rédigé par un seul scribe qui devait être d’origine germanique au vu de certaines orthographes (Ewangelium, Chlodowaldi, Wilhelmi…) et son écriture permet de dater le livre de la première moitié du XIIIe siècle. La présence de saint François d’Assise (canonisé en 1228) sert de date post quem pour la création du livre et l’ajout ultérieur de saint Louis IX de France (canonisé en 1297) dans le calendrier (f. 91v) sert de date ante quem.
Texte
ff. 1-7v Recommandation de l’âme et office des morts
ff. 8-18v Gradual
ff. 8-16v Temporal
ff. 17-18v Sanctoral, s’arrêtant brusquement au saint Procès et Martinien (2. VII) en raison de la perte de deux feuillets entre les folios 18 et 19.
ff. 19-89v Sacramentaire
ff. 19-47v Temporal
ff. 47v-49v Votives
ff. 49v-75v Sanctoral, commençant le 31 décembre par la fête de saint Sylvestre et incluant la fête de sainte Geneviève (3 janvier ; f. 49v) ainsi que la translation de ses reliques à Paris le 28 octobre (f. 71v), se terminant le 21 décembre par la fête de saint Thomas Apôtre. (f. 75v).
ff. 75v-89v Common, débutant avec les prières “In Vigilia Uni9 apostoli,” avec la musique pour (P)er Omnia (f. 86-86v); sans 2 folios entre ff. 77v-78
ff. 90-92v Calendrier, avec Ste. Genovefe (f. 90)
ff. 93-94v Généalogies du Christ selon saint Matthieu et saint Luc, mises en musique ; 1 feuillet supprimé entre les ff. 94v-95, peut-être un blanc
ff. 95-262v Lectionnaire de la messe comprenant les épîtres et les évangiles
ff. 95-226v Temporal, commençant par le premier dimanche de l’Avent et se terminant par le dimanche précédant l’Avent du Christ.
ff. 227-244 Sanctoral, commençant par « In vigilia sancti Andree » (29 nov.) ; incluant saint Genovefe (f. 228v ; 3 janv.), et se terminant par saint Edmond (20 Nov.)
ff. 244-262v Common, commençant avec “In Vigilia uni9 apl’i epl’a” et terminant avec “De Scō Fiacro ep”.
L’enluminure
Les artistes des enluminures et des lettres filigranées utilisent le vocabulaire des enlumineurs parisiens des environs de 1240, avec des fonds d’or, des cadres bleus et rouges alternés autour des miniatures, et des contours épais pour les figures. L’enluminure principale du livre est centrée sur le début du canon de la messe (f. 86 v) avec une miniature sur deux registres : Le Christ en majesté en haut et la Crucifixion en bas. Elle est placée en face des trois textes majeurs du canon : le Per Omnium, le Vere Dignum et le Te igitur, eux-mêmes décorés de trois grandes initiales historiées (f. 87). L’iconographie de la miniature et des initiales est cohérente avec les autres livres de ce type de l’époque.
Miniatures
f. 86v Christ en majesté (en haut); Crucifixion (en bas) – 20 lignes
f. 87 1. Élévation de l’hostie dans une initiale historiée P – (P)er omnium – 7 lignes – un prêtre élevant l’hostie, derrière lequel un serviteur agite un flabellum (éventail liturgique destiné à chasser les mouches).
2. Ecclésia et Synagogue dans une initiale historiée VD – (V)ere (D)ignum – 6 lignes – de part et d’autre du pôle ascendant du monogramme VD, on trouve l’Ecclésia triomphante, couronnée et tenant un calice, tandis que la Synagogue, dépouillée de sa couronne, tient les tablettes de la loi de Moïse et qu’en haut, au centre de la composition, l’Agneau de Dieu est peint dans un médaillon.
3. Moïse et le Serpent d’airain dans une initiale historiée T (T)e igitur – 9 lignes – La forme du T offre la colonne iconographique surmontée du serpent d’airain que Dieu avait chargé Moïse de fabriquer. Le Te igitur, moment le plus solennel de la messe, est la prière eucharistique qui transforme le pain et le vin de la messe en corps et sang du Christ. Cette image typologique annonce le salut du Christ dans le Nouveau Testament (Nombres 21,8-9).
Provenance
1. Paris, fait pour l’abbaye des chanoines augustins de Saint-Victor
2. Paris, Trinitarians de Paris, connus sous le nom des Mathurins, XIVe siècle ? (avant 1514 au plus tard)
3. Paris, Rieunier & Associés, 14 Dec. 2011
4. Paris, Camille Sourget, vendu mars 2018
1. Europe, collection privée.
Le texte montre sans conteste que le manuscrit a été exécuté pour la célèbre abbaye parisienne des chanoines augustins de Saint-Victor. Le 17 juin marque la fête essentielle de l’abbaye : Susceptio reliquiarum sancti Victoris (ff. 91) et le 21 juillet, le même saint Victor bénéficie d’une octave solennelle où il est qualifié de beatissimus. (Les deux autres fêtes spécifiques du 5 juin (dédicace de l’abbaye) et du 23 juillet (Susceptio pedis sancti Victoris) n’apparaissent pas dans le texte, il faut donc en conclure qu’il est antérieur à ces deux fêtes). Il est également célébré dans d’autres parties du texte (ff. 50v, 59v, 91v).
L’abbaye de Saint-Victor, à Paris, est l’une des plus célèbres abbayes de la ville, dont l’emplacement est aujourd’hui représenté en grande partie par le quadrilatère occupé par l’université de Jussieu entre la Seine et les rues des Fossés-Saint-Bernard, Jussieu et Cuvier. Sous le règne de saint Louis et au moment de la réalisation de ce manuscrit, l’abbaye de Saint-Victor était devenue l’un des plus importants centres de la vie intellectuelle de l’Occident médiéval, en particulier dans les domaines de la théologie et de la philosophie. L’abbaye de Saint-Victor devint une retraite appréciée de Bénard de Clairvaux et de Thomas Becket (1118-1170). Les évêques de Paris y disposaient d’un appartement.
La riche bibliothèque de l’abbaye était ouverte au public, avec une salle de lecture où les manuscrits étaient enchaînés. Les manuscrits liturgiques, comme le présent ouvrage, étaient conservés dans le chœur. L’activité d’enseignement de l’abbaye a favorisé le développement du fonds de la bibliothèque. Richement dotée, l’abbaye pouvait acheter ses manuscrits : le scriptorium ne semble pas avoir été très développé. Les legs ont également beaucoup enrichi la collection. En outre, les documents trouvés à la mort d’un Victorin (sermons par exemple) étaient reliés et entraient dans la bibliothèque. Tout au long du Moyen Âge, l’abbaye conserve sa renommée, avec sa règle austère et ses études florissantes. Elle conserve sa réputation scientifique jusqu’à la Révolution, après laquelle elle est supprimée et détruite (1790).
Au XIVe siècle, le manuscrit fut utilisé par les Trinitaires de Paris, un ordre mendiant plus connu sous le nom de Mathurins, comme en témoignent l’ajout de la messe de saint Mathurin à la fin du sanctoral du sacramentaire et l’ajout au calendrier d’une note ainsi conçue le 14 juillet (f. 91v) : Obitus Egydii de Campis qui dedit fratibus sancti Maturini centum solidos annualis census. Le couvent des Mathurins de Paris, situé dans le Quartier latin du début du XIIIe siècle à 1790, n’était pas très éloigné géographiquement de l’abbaye de Saint-Victor et est entré en possession d’autres manuscrits réalisés à l’origine pour l’abbaye. (Franck Collard, “La bibliothèque de Saint-Victor au service des rénovateurs de l’histoire de France vers 1500 ? Nicole Gilles, Robert Gaguin et Paul Émile face aux ressources victorines.” Cahiers de recherches Médiévales: Journal of medieval studies 17 (2009), section 16-18, URL: https://journals.openedition.org/crm/11524).
Littérature
Inédit
Bibliographies et références :
Bermès, Emmanuelle, “Le couvent des Mathurins de Paris et l’estampe au XVIIe siècle.” Thesis, École des chartes, 2001. URL: http://theses.enc.sorbonne.fr/2001/bermes.
Collard, Franck. “La bibliothèque de Saint-Victor au service des rénovateurs de l’histoire de France vers 1500? Nicole Gilles, Robert Gaguin et Paul Émile face aux ressources victorines.” Cahiers de recherches Médiévales: Journal of medieval studies 17 (2009), pp. 227-40. URL: https://journals.openedition.org/crm/11524.
Lebigue, Jean-Baptiste. Initiation aux manuscrits liturgiques. École thématique. Ateliers du Cycle thématique de l’IRHT de l’année 2003-2004, directed by Oliver Legendre and Jean-Baptiste Lebigue. 2007. URL: http://aedilis.irht.cnrs.fr/liturgie/.
Du lundi au samedi
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