DU FOUILLOUX Jacques La Vénerie de Iacques du Fouilloux Escuyer, Seigneur dudit lieu, pays de Gastine en Poitou. Dédiée au Roy Treschrestien Charles, neufiesme de ce nom. Plusieurs receptes et remedes pour guérir les Chiens de diverses maladies. Plus l’Adolescence de l’Autheur.

VENDU

Poitiers, Par les de Marnefz et Bouchetz, freres, 1561

Petit in-folio (276 x 192mm) 4 ff.n.ch., 214 pp., 1 f.n.ch. (avec La Complainte du Cerf… par Guillaume Bouchet, imprimé recto-verso comme il se doit, sur deux colonnes). Vélin ivoire souple, inscription du titre à l’encre brune et noire sur le plat supérieur et au dos, celle du plat supérieur contemporaine de la publication, avec les gardes originales, portant le même filigrane : main gantée surmontée d’une couronne [cf. Briquet 10.935 et autour, entre 1559 et 1575] (reliure de l’époque).

Catégories:
250000,00 

1 en stock

Thiébaud, 294-295 (avec un nombre de gravures sur bois erroné) ; Souhart, 148 (avec un nombre de gravures sur bois erroné) ; Schwerdt, I, p. 152 ; Brun, p. 173 ; François Remigereau, Jacques Du Fouilloux et son traité de la vénerie. Étude biographique et bibliographique, Paris, 1952. Voir Mortimer, French, 187 (édition 1562).

Édition originale de l’un des plus beaux livres illustrés français du XVIe siècle.

Superbe exemplaire, l’un des très rares conservés dans sa reliure de l’époque en vélin souple. Le seul aujourd’hui connu avec une provenance de l’époque, celle du cardinal Strozzi (1513-1571), neveu de la reine Catherine de Médicis.

Par la suite, cet exemplaire entra dans les collections des princes Borghèse qui le vendirent en 1892. Il figura au bulletin Morgand puis dans les collections de Paul Muret et de Henri Burton.

A propos de cette édition originale Thiébaud note déjà qu’elle est « d’une extrême rareté ». Et il poursuit que « c’est aussi l’une des plus belles avec ses élégantes caractères italiques ; c’est la seule de format petit in-folio ».

L’illustrations se compose d’un total de 56 gravures, dont celle sur le feuillet de dédicace (et non en plus de celle-ci, comme l’indiquent par erreur Thiébaud et Souhart), et 55 dans le texte.

La première illustration représente « l’auteur agenouillé, en costume de chasse, offrant son livre à Charles IX entouré de plusieurs seigneurs de et de hallebardiers. » En ce qui concerne la représentation du roi Charles IX sur le feuillet de dédicace Thiébaud avance un toute autre théorie. « Le roi, dans la gravure de dédicace est aussi grand que ses courtisans, ce qui ne convient nullement à Charles IX, âgé de dix ans en 1561. On en peut conclure que l’ouvrage, dont le privilège est du 23 décembre 1560, avait été composé pour être dédié à François II, décédé le 5 décembre 1560, et que c’est sa mort qui détermina l’auteur à le dédier à Charles IX, sans que pour cela changer la gravure, qui était déjà faite à l’intention de François II ».

Les belles images au nombre de 55 gravures sur bois imprimées dans le texte représentent de nombreuses scènes de chasse au cerf, au sanglier, au lièvre, au blaireau ou au renard. Elles illustrent les indications données sur le choix, le dressage et le soin donné aux chiens. L’une des gravures les plus célèbres est celle du déjeuner des chasseurs assis dans l’herbe (p. 81).

”Effective use has been made of solid black areas with details in white in a block of a dog on leaf A8v and two blocks of boards on leaves M1r and M4” (Mortimer).

Outre les illustrations sur bois cette édition, les partitions des fanfares de chasse sont, comme il se doit, imprimées sur des bandes de papier différent et contrecollés sur les portées primitives que l’on voit, par transparence, dépourvu de notes.

Provenances importantes

Signature de du cardinal Strozzi sur la dernière garde. La famille Strozzi fut, pendant près d’un siècle, attachée à la cour de France et aux Médicis à laquelle l’unissait de profonds liens familiaux. La mère du cardinal Lorenzo Strozzi, Clarice de Médicis, le rendait cousin de la Reine. Elle le nomma à la tête de plusieurs abbayes. Henri II lui confia l’évêché de Béziers en 1547. Il est élevé à la pourpre cardinalice par Paul IV en 1557. Après être entré triomphalement à Béziers en 1557, Strozzi séjourne deux ans à Rome, puis retourne à Béziers à la fin de 1559. En 1561, Laurent Strozzi accède à l’évêché d’Albi et enracine bientôt son action dans une lutte violente contre les protestants, au moment où débute, en 1562, la Première guerre de religion. Strozzi deviendra archevêque d’Aix en 1567 et meurt en Avignon en janvier 1571. On notera les intérêts des Strozzi avec le Poitou, région d’origine de Jacques Du Fouilloux, puisque l’amiral Philippe Strozzi, neveu du cardinal, devint par acquisition seigneur de Bressuire (Poitou) en 1581.

La signature placée sur la dernière garde de l’exemplaire est certainement un ex-libris, bien plus qu’un improbable envoi ou qu’un éventuel ex-dono. L’écriture semble italianisante. Cet ex-libris, par son emplacement, laisse supposer l’existence d’une bibliothèque personnelle du cardinal Strozzi. De multiples recherches de provenance ne nous ont pas permis d’en trouver trace. De même, nous n’avons pas pu trouver de documents manuscrits comparatifs pour établir ou non l’autographie de l’ex-libris Strozzi (sur la rareté des manuscrits Strozzi : “il existe en France un très petit nombre de lettres de Laurent Strozzi. Sa correspondance faisait partie des manuscrits Coislin volés en 1791 et transportés en Russie. De plus, la majeure partie des papiers des Strozzi passa dans les archives de la famille de Fiesque dans laquelle celle des Strozzi s’était fondue”, M. Bellaud Dessalles, Les Évêques italiens de Béziers, Paris, 1901, p. 33).

L’exemplaire Strozzi se retrouve trois siècles plus tard dans l’immense vente des livres Borghèse faite à Rome en 1892, à la suite de l’appauvrissement de la famille et des mauvaises affaires du Prince Paolo Borghèse. Son cheminement italien reste à découvrir. On appréciera la photographie d’ouverture du catalogue montrant l’une des plus belles bibliothèques d’Europe. Paradoxalement, c’est le léger défaut du livre – ces quelques gravures soulignées à l’encre par une main sans doute infantile – qui permet d’en suivre la trace. La mention très précise du catalogue, “rel. molle vélin (rel. anc.) [… ] 3 figures repassées à l’encre”, ne laisse guère de doute quant à l’identification de l’exemplaire dans ce catalogue comme dans le Bulletin Morgand de 1900 qui précise la provenance Strozzi. Le Prince Borghèse possédait quelques livres de chasse comme le Du Fouilloux de 1573 repassé récemment en vente et un superbe exemplaire du Mitelli conservé dans une collection privée.

J. Thiébaud recensait en 1934 une “douzaine d’exemplaires différents connus”, dont, par exemple aujourd’hui, dans une collection privée, un exemplaire relié en veau au XVIIe siècle. Parmi ceux-ci, fait notable, seul l’exemplaire Strozzi-Borghèse est en reliure strictement de l’époque. Parmi les exemplaires aujourd’hui connus, on peut ajouter à ce décompte l’exemplaire relié en basane blonde en Italie vers la fin du XVIIIe siècle pour Ferdinand Ier (1751-1825), roi des Deux-Siciles, maintenant conservé dans les collections du Qatar (Cat. Clavreuil, janvier 2002, n° 45, €200.000, auparavant passé en vente aux enchères en 1985 à Paris). Enfin, l’exemplaire de la collection Du Verne-Bernis en reliure non signée du XIXe siècle, lavé, qui pourrait être l’un des exemplaires du recensement de Thiébaud, est passé récemment en vente (Paris, 5 octobre 2016, lot 71, € 267.000). Parmi tous ces exemplaires, le seul à posséder une provenance d’époque est celui du cardinal Lorenzo Strozzi, l’un des grands princes de l’Église du XVIe siècle. Autre prince, Marcel Jeanson, s’il avait bien deux exemplaires avec date et sans date de l’édition originale, les possédait en reliure du XIXe siècle.

Petite restauration dans la marge extérieure du premier plat de la reliure, de la première garde et de l’extrémité gauche de la page de titre, attaches manquantes. Petites taches brunes dans les marges intérieures du cahier Q sans atteinte au texte, petits manques naturels de papier dans l’angle supérieur de R5 sans aucune atteinte au texte, R1.2 légèrement brunis. Une petite dizaine de gravures ont vu leurs traits soulignés à l’encre noire par une main probablement infantile et certainement antérieure au XVIIIe siècle : certaines très faiblement (2), d’autres modestement (3) et 4 plus fortement. Parmi ces dernières, l’encre a créé des petits manques dans deux gravures (p. 5 et p. 98).

Provenance : cardinal Lorenzo Strozzi (1513-1571) : “A Monseigneur le Révérendissime Cardinal Strozzi”, inscription portée à l’encre au verso de la garde située à la fin de l’ouvrage – Prince Paolo Borghèse (1845-1920), 9e Prince de Sulmona, Catalogue de la bibliothèque de S. E. D. Paolo Borghèse, Prince de Sulmona, Rome, Vincezo Menozzi, du 16 mai au 7 juin 1892, p. 135, lot 844, qui précise : “rel. molle vélin (rel. anc.) [… ] 3 figures repassées à l’encre”, cf. : https://babel.hathitrust.org/cgi/pt ?id=mdp.39015033646277&seq=156&q1=fouilloux). L’exemplaire est également cité dans la préface parmi les highlights de la vente, p. XI : “exemplaire très propre et très frais”. Paolo Borghese, célèbre gastronome italien dilapida sa fortune : il vendit la villa Borghèse à l’État italien en 1901, auquel les collections d’art furent transférées en 1903. Les archives Borghèse furent quant à elles acquises par la Bibliothèque Vaticane à l’époque de Léon XIII – exemplaire cité par J. Thiébaud, car sans doute acquis par Damascène Morgand dans cette vente ; il figure au Bulletin Morgand de 1900, p. 113, n° 38064 : “exemplaire du cardinal Strozzi, grand de marges, dans son ancienne reliure. Quelques figures ont été repassées à l’encre”) – Paul Muret (ex-libris ; ne figure ni dans la vente du 30 octobre 1936, ni dans celle du 25 janvier 1937 dont nous avons pu consulter les catalogues à la librairie Giraud-Badin que nous remercions) – Henri Burton, amateur genevois (ex-libris) – vente, Paris, Drouot, Arcole, 11 mars 1991.

WEBOGRAPHIE : Delphine Montariol, “La Mitre, l’épée, le cardinal Laurent Strozzi, évêque d’Albi, lieutenant général du Roi en Albigeois”, https://publications.ut-capitole.fr/id/eprint/24592/1/Cit%C3%A9es%20%C3%A9piscopales.Montariol.pdf

UGS 2025-02-0025 Catégorie Étiquettes ,