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PUGET DE LA SERRE Jean Histoire de l’entrée de la Reyne mère du Roy très-chrestien, dans les Provinces Unis des Pays-Bas. Enrichie de Planches. Par le Sr de la Serre, Historiographe de France.

VENDU

Londres, John Raworth pour George Thomason & Octavian Pullen, 1639

In-folio (405 x 280 mm) de 1 frontispice, 61 ff.n.ch. (texte et planches), 1 f. blanc et 6 planches hors texte dont 1 dépliante. Maroquin bleu, dos à nerfs orné de monogrammes, armes frappées sur les plats, dentelle intérieure, deux filets sur les coupes, coiffes guillochées, tranches dorées (Joly).

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L’exemplaire du prince d’Essling

Vinet, 490 ; Fairfax Murray, 687 ; Landwehr, Splendid Ceremonies, 106 ; STC, 20489 ; Pennington (Hollar), n° 463, 1687 & 2675 ; Hind (Hollar), pp. 3 & 11 ; Paul Henrard, Marie de Médicis dans les Pays-Bas, Bruxelles, 1876, p. 597 et suiv.

Édition originale, très rare.

Ce magnifique livre de fêtes fut réalisé à l’occasion du voyage accompli en 1638 par Marie de Médicis aux Pays-Bas espagnols, dernière étape de la reine-mère exilée avant sa retraite en Angleterre et en Allemagne, où elle mourut de la gangrène le 3 juillet 1642.

“Le prince d’Orange venait de quitter Bergen-op-Zoom avec son armée pour se diriger vers la ville de Gueldre qu’il comptait assiéger, lorsqu’à son arrivée à Bois-le-Duc il apprit que Marie de Médicis était en route pour le rejoindre. Il monta aussitôt à cheval et, à la tête d’un nombreux et brillant état-major, accompagné de la princesse d’Orange, il s’avança au devant de la reine-mère qu’il rencontra à une lieue environ de la ville. Marie ne se montra nullement étonnée des honneurs que Frédéric-Henri lui rendit, et on remarqua que l’accueil qu’elle fit à la princesse fut aussi hautain que si elle eût encore occupé l’un des premiers trônes de l’Europe, au lieu d’être la reine proscrite en quête d’une hospitalité que les Provinces-Unies alliées au roi de France auraient bien pu lui refuser. Chose remarquable, son orgueil la servit mieux que n’aurait pu le faire plus de réserve et d’humilité ; on se refusa à voir en elle l’exilée, pour ne considérer que la veuve illustre du monarque qui, plus qu’aucun autre, avait aidé la jeune république à se constituer, la mère de celui qui continuait à la protéger contre les Espagnols, et toutes les villes se surpassèrent pour lui faire accueil. Jusqu’à Amsterdam, son voyage fut une véritable marche triomphale… Le cardinal apprit avec beaucoup de mécontentement l’accueil que la Hollande avait fait à Marie de Médicis : ‘Je vous avoue, écrit-il le 29 août à Mr de Chavigny, que j’ay de la peine à digérer que le prince d’Orange ay receu et favorisé le passage de la reyne sans en donner avis au roy, ny sçavoir si S.M. l’agréeroit’, et il fit écrire à Mr d’Estampes de hâter autant qu’il le pourrait le départ de l’exilée pour l’Angleterre, en insinuant même au prince qu’elle ne serait pas allée dans les Provinces-Unies si elle n’y avait été portée par le désir d’être utile à l’Espagne, soit en tâchant de renouer les négociations pour la trêve, soit en semant dans les Etats la dissension afin d’y augmenter l’opposition à la maison de Nassau” (Paul Henrard, op. cit., pp. 623-625).

L’ouvrage, remarquablement illustré, comporte des figures réalisées à Londres par Wenzel Hollar (Prague, 1607 – Londres, 1677), l’un des plus grands dessinateurs et graveurs du XVIIe siècle, introducteur de la technique de gravure à l’eau-forte en Angleterre. La suite, non signée, se compose d’un frontispice allégorique, d’une superbe planche dépliante montrant la réception de la reine par le prince d’Orange devant Bois-le-Duc, et de 14 planches très finement gravées, hors texte ou comprises dans la pagination. Les gravures à pleine page montrent : une réunion des états-généraux des Pays-Bas ; les portraits du prince d’Orange et de Marie de Médicis ; l’embarquement de la reine-mère à Gorcum, Dordrecht et Rotterdam ; son entrée à Delft, Haarlem, Amsterdam et Leyde ; l’accueil des états-généraux aux approches de La Haye ; la représentation d’une comédie sur un canal d’Amsterdam ; et enfin le navire de la reine proscrite navigant sur une mer déchaînée.

Alors que Landwehr et Hugh W. Davies (cat. Fairfax Murray) attribuent la totalité de l’illustration à Wenzel Hollar – l’artiste bohême venait de s’installer à Londres auprès du comte d’Arundel et gagnait sa vie en travaillant pour des libraires-éditeurs –, d’autres bibliographes (Pennington, Parthey et Hind) ne lui accordent que la paternité du frontispice, des deux portraits et de la planche montrant les états-généraux réunis en conseil.

Très bel exemplaire, soigneusement établi, finement relié par Joly aux armes et au chiffre de Victor Masséna, duc de Rivoli et prince d’Essling (1836-1910), l’un des plus illustres collectionneurs, bibliophiles et bibliographes français. Vendue par le libraire parisien Giraud-Badin à la librairie Hoepli, “la bibliothèque Essling attira l’attention du libraire et érudit Tammaro De Marinis (1878-1969) qui en signala l’importance au comte Giorgio Cini (1885-1977) lequel, avant même que Hoepli n’en ait imprimé le catalogue, pour une vente prévue en 1939, en acheta en bloc la partie vénitienne. Après un séjour de quelques années dans la bibliothèque du château de Monselice, Cini offrit toute la collection à la fondation située dans le couvent de San Giorgio Maggiore à Venise qu’il avait créée en 1951. De Marinis, de son côté, avait acheté les éditions florentines, qu’il revendit au comte en 1953. La fondation Cini conserve donc aujourd’hui la majeure partie des ouvrages provenant de la bibliothèque Essling une autre partie, plus modeste, faite principalement de la production d’autres centres italiens ou français, étant échue principalement à la Houghton Library de l’université de Harvard” (Ilaria Andreoli).

Exemplaire lavé, auréoles claires dans les marges de quelques feuillets.

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